Ecoute, je veux bien passer un moment à essayer de t'expliquer le bignz, mais ça n'engage que moi.
[mode ancien combattant ON] J'ai vécu de l'intérieur la vague punk historique de '76 (pour info, le punk trouve ses sources beaucoup plus loin; sans beaucoup de risque de se tromper, on peut remonter aux Stooges - oui, avec Iggy Pop - , aux MC5 - Kick out the jam, motherfuckers! - aux New York Dolls et autres Velvet Underground).
En '76, on baignait dans le prog' rock (Yes , Genesis etc...) pompeux et les stars du rock s'étaient "showbusiness-ée" (Stones etc...) . Pour te faire une idée de l'époque, écoute Barclay James Harvest . De plus, économiquement parlant, l'Europe subissait les contrecoups du premier choc pétrolier ('74) et le chômage grimpait à la même vitesse que les salaires descendaient (ou stagnaient, c'est la même chose). Les gouvernements étaient majoritairement de droite (Giscard, Thatcher, Reagan ... bwêêrk) .
A ce moment, des p'tits jeunes ont décidé de prendre le contrepied de tout ce qui se faisait à l'époque et de retourner aux sources du rock: le bruit, la rebellion et une musique qui fait peur aux parents. On se coupe les tifs (ou bien on les porte ridiculement longs sur la tronche comme les Ramones), on achète une gratte, on apprend trois accords, on monte un groupe et trois mois plus tard on monte sur scène et on balance la purée avec attitude (beaucoup), approximation (un max) et enthousiasme nihiliste (on est de toute façon foutu, faisons un beau baroud d'honneur, mais avant de crever ou de rentrer dans le rang, on a des choses à dire).
Une période d'une énergie dingue, sous amphèt' (sauf que les amphèt' n'étaient pas nécessaires, on se dopait à l'adrénaline!), créative à mort (car, au-delà des groupes qui ne savaient pas, ou peu jouer, certains - les plus doués - éclataient de talent: The Stranglers, The Clash, The Saints, The Sex Pistols - oublions Sid Vicious qui fut recruté pour la frime, mais Glen Matclock et Steve Jones connaissaient bien leur truc et ont écrit des putains de classiques - Th eJam - influencés par les Mods et les Who, mon premier concert - The Damned ... ).
Parallélement, toute une scène US, concentrée sur New York, éclatait en même temps, avec les précurseurs comme les Ramones, Richard Hell and the Voidoids, Talking Heads, Television ... uns scène d'une richesse et d'une diversité incroyable.
Ce feu d'artifice ne dura en tout et pour tout que deux petites années. Le business, d'abord déstabilisé, entreprit rapidement de reprendre le contrôle et les groupes, ayant pour la plupart tout donné tout de suite, disparurent rapidement (comme le dit Neil Young, à propos de Jonnhy Rotten notamment: "it's better to burn out than to fade away") ou bien se tournèrent , inévitablement (car en apprenant à jouer, ils découvraient forcément d'autre sintérêts musicaux), vers d'autres horizons, comme Clash avec le reggae (quoique déjà présent sur leur premier LP) et le Dub, les Stanglers avec la pop corrosive ou ces opportunistes de Police (dont les premiers singles sont du pur punk - essayez de trouver "Landlord" - mais ils ont sauté dans le wagon en marche et étaient des musiciens très expérimentés déjà ) que j'aime beaucoup malgré tout.
En plus sont arrivées toutes les dérives débiles, du style violence (alors que le punk des débuts était chaotique, bordélique, anarchiste mais convivial), skin etc ... Le punk était mort et jusqu'ici il n'a toujours pas resuscité. Car, pour être considéré comme punk, il faudrait qu'un groupe soit à la fois en opposition avec la culture musicale dominante de l'époque, spontané, talentueux, sauvage et SINCERE. Il ne devrait avoir aucun plan de carrière et s'autodétruire au bout de deux ans.
Au mieux, les meilleurs groupes actuels étiquettés "punk" (The Distillers par exemple) font du revival punk mais n'ont aucun message social, aucune volonté de faire ebouger les chose. Or cet aspect était primordial dans le punk originel, cette énergie désespérée alliée à cet idéalisme et cette consciense politique. Le "punk" actuellement se résume à un business pour exploiter les soubresauts de révolte des adolescents boutonneux, en leur faisant croire qu'ils sont des "rebelles" parce qu'ils achètent Blink, Sum ou Avril Lavigne.
Business 1/Punk 0
[/mode ancien combattant OFF]