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Puggsy le 10 Juil 2008, 00:23
Au sein de l’Histoire de la musique, il est intéressant d’observer l’évolution de la guitare tant dans son approche musicale, que artistique ou sociologique. Quant on constate l’immense popularité dont jouit la guitare aujourd’hui, on ne peut être qu’étonné de cette ascension de sa notoriété dans les représentations collective. La guitare est devenue, au même titre que le piano, un instrument de la pluralité musicale, qui s’intensifie dans une période de mondialisation comme celle-ci : la guitare classique se meurt dans les Conservatoire, la guitare jazz s’impose comme maitre et garant de son intégrité, la guitare rock attire la jeunesse musicale dans sa grande majorité, la bossa ou le flamenco s’abritent encore en son sein, le metal instrumental connaît ses heures de gloires et ne cessent de renouveler un instrument en perpétuelle évolution.
Ses origines populaires en font pourtant un instrument dénigré par la musique savante, en effet, aucun des grands compositeurs ne s’est adonné à l’exploitation de cet instrument en tant que source première de ses inspirations, de J-S Bach à Schoenberg. Il y a bien sur des guitaristes classiques de renom (Lagoya, Segovia), mais il reste comme bon nombre de classiques, seulement d’excellents interprètes. Par extension, le jazz, à ses grandes heures (période dite « classique » du jazz, le « Hot », le be bop, voir le Cool), ne connut que peu de guitaristes de légende (Christian, Montgomery, et Reinhardt plus tard dans le manouche).
L’évidence est que la guitare n’est pas un instrument propice à la composition et plus généralement à la théorie musicale, contrairement à un piano qui expose par son interface la vision la plus claire, et la plus simplifiée de la théorie. Outre le laxisme latent en ce qui concerne l’apprentissage théorique à la guitare, d’une part par sa popularisation (et ce forum même en donne l’exemple), et de l’autre par l’approche complexe et sinueuse qu’elle offre ; force est de constater que le piano est l’instrument nécessaire et obligatoire à tout cours d’harmonie, qu’il est une étape indispensable à la compréhension de l’harmonie (et peu importe sa nature, contrepoint classique ou harmonie jazz).
Ainsi, on constate chez beaucoup de guitaristes soucieux de parvenir à leurs fins, une scission dans leurs pratiques musicales, d’un coté la pratique guitaristique en elle-même, qui outre la technique (même un pianiste qui s’acharne à jouer un phrasé de Chopin bossera plus la théorie qu’un guitariste qui s’acharne sur le solo d’ Erotomania ou de Stream de DT , faute de représentations falsifiées de positions), sera limité même dans l’improvisation ou l’intériorisation de gammes ou d’accords qui ne passent que par diagramme ou « positions » mnémotechniques (le succès des modes à la guitare en est un excellent exemple). De l’autre un coté purement abstrait, qui doit complètement se détacher de l’instrument pour retrouver son sens, et qui passe par un apprentissage forcené et abstrait de notions complexes ( la Partition Intérieure est alors apprise par cœur…), mais souvent stériles dont le pianiste se passe aisément. Les compositions des grands guitaristes aujourd’hui sont des compositions de guitaristes pour guitaristes, leurs champs musicales sont très réduits et restent le plus souvent enchainer dans leurs techniques (la vélocité est aujourd’hui le maitre mot). Où est l’universalité musicale qu’on peut entendre dans tout les grands compositeurs d’hier et d’aujourd’hui et qui à sans cesse fait avancer la musique ? Le dodécaphonisme de Schoenberg, les modes à transpostions limitées de Messiaen, le traditionalisme de Bartok, le système tonal de Rameau, le modalisme de Debussy ou d’un Ravel, ne sont pas guitaristique…
Je ne cherche pas ici à faire un pamphlet contre la guitare, ni une apologie de la théorie, mais au contraire, je cherche des alternatives ou des possibilités aux guitaristes qui voudraient composer du Stravinsky (je plaisante évidemment …) de ne pas abandonner la guitare pour se dévouer au piano. Mes considérations et ce baratin n’ont pas plus d’intérêt que cela : elles restent anecdotiques. Cependant, je trouve cet aspect de la relation qu’entretiennent guitare et théorie intéressant, en effet, les guitaristes semblent combler cette lacune théorique de l’instrument par un débat récurent sur des notions qui n’ont, en soi, que peu d’intérêt.
A quant un Mozart qui composerait pour son orchestre à l’aide de sa six-cordes…