Fender continue d'alléger son catalogue pour se concentrer sur sa ou ses marques phares. Une confirmation du virage radical pris dans la politique de l'entreprise depuis le changement d'actionnaires majoritaires en 2013.

Drum Workshop, plus connu sous le nom de DW Drums, vient de signer un accord financier pour racheter tous les produits batteries et percussions détenus par Fender Musical Instruments Corporation : Latin Percussion, Toca Percussion, Gretsch Drums, Gibraltar Hardware et KAT Percussion. Fender avait obtenu ces marques en 2008 lors du rachat du distributeur indépendant américain Kaman Music Corporation (KMC). Les droits de distribution aux États-Unis pour les cymbales Sabian font également partie de la transaction qui voit également DW acquérir les guitares Ovation, célèbres depuis les années 60 pour l’originalité de leurs caisses de guitares arrondies en fibre de verre.

« C’est une opportunité extraordinaire pour nous d’étendre notre passion et notre engagement dans l’univers des batteries et percussions » a commenté Chris Lombardi, le PDG de Drum Workshop. « Nous sommes ravis d’accueillir ces grandes marques Américaines dans la famille DW.» Une famille qui a vu le jour en 1972 et qui s’est déjà agrandie une première fois en l’an 2000 avec l’acquisition de PDP – Pacific Drums and Percussion. Pour le moment DW a indiqué que les opérations de fabrication de DW resteront basées en Californie, la production des batteries Gretsch en Caroline du Sud et LP dans le New Jersey.

De son côté, Scott Gilbertson le PDG par intérim de Fender depuis le départ l’an dernier de Larry Thomas a déclaré « nous sommes fiers des efforts fournis par nos équipes pour nourrir et développer chacune de ces marques et sommes très optimistes pour leurs futurs. Nous reconnaissons l’opportunité stratégique que cela représente pour DW et nous sommes confiants que ces marques garderont leurs places de champions de notre industrie à l’avenir. »

Après avoir envisagé en juillet 2012 une entrée en bourse pour rembourser une partie de sa dette s’élevant à l’époque à plus de 250 millions de dollars suite à des emprunts liés à la recapitalisation en 2005 et le rachat de KMC en 2008, Fender dirigé alors par le fond d’investissement Weston Presidio a décidé de faire machine arrière. Le rachat fin 2012 des parts de Weston Presidio par TPG Growth et Servco Pacific, actionnaire minoritaire chez Fender depuis 1985, a entraîné plusieurs bouleversements. D’abord, ce fût la production des guitares Hamer qui a été arrêtée en 2013, puis c’est Guild qui a été revendu à Cordoba en 2014 entraînant la fermeture de l’usine de New Hartford dans le Connecticut où étaient également fabriquées les guitares Ovation. Fin 2014 nous apprenions que Takamine décidait de mettre un terme au contrat de distribution qui le liait à Fender. On est en droit de se demander si d’autres transactions sont à venir sur les marques qui restent pour le moment dans le giron de la Fender Musical Instrument Corporation ou si le groupe décide de concentrer ses efforts les marques qu’il juge peut-être plus rentables : Fender , Squier , Gretsch Guitars, Charvel , EVH , Jackson …

Les rumeurs vont également bon train sur le fait que Fender souhaite vendre directement une partie de ses instruments aux particuliers, un projet confirmé par William McGlashan fondateur et dirigeant de TPG Growth qui indiquait vouloir proposer la possibilité de configurer certaines guitares via le site internet de Fender, de les commander directement et de les recevoir 2 à 3 mois plus tard le temps de les fabriquer. Une petite révolution dans l’univers de la vente d’instruments de musique que Fender va devoir gérer en marchant sur des œufs pour ne pas se mettre à dos tous les magasins revendeurs agréés de la marque. Aujourd’hui c’est vers eux que renvoie le site pour l’achat de tous les produits.

Souhaitons que Fender connaisse une nouvelle période faste similaire à celle connue lorsque William Schultz et son groupe d’employés et d’investisseurs ont racheté la marque à CBS en 1985. CBS, une holding gigantesque comprenant les New York Yankees et Columbia Records, n’a jamais bien compris les musiciens et le marché de la musique et a laissé la qualité des produits diminuer et l’image de la marque se ternir. En 1985, Schultz et son équipe ont donc dû repartir de zéro et faire mieux avec moins de moyens financiers ce qu’ils ont réussi à accomplir avec brio, en dotant l’entreprise de nouveau moyens de production avec l’usine de Corona en Californie puis celle d’Ensenada au Mexique et enfin l’apparition du célèbre Custom Shop de la marque. Peut-être que cette stratégie d’addition par soustraction leur portera chance une nouvelle fois en 2015 et qu’en résulteront pour nous, utilisateurs et amoureux de guitares et de Fender, de nombreuses nouveautés et innovations.

 

Fender revend ses marques de batteries et percussions à DW