Pour info, voici une des réponses qui avait été publiée dans le Monde à la suite d'un tribune de Stéphane Lhomme de sortirdunucléaire:
Citation:
Le nucléaire français ne représenterait, selon Stéphane Lhomme, que 17 % de l'énergie consommée dans notre pays ; c'est exact lorsqu'on considère que les consommations de 1 kWh de chaleur et de 1 kWh d'électricité sont strictement équivalentes, ce qui correspond à une des conventions adoptées internationalement pour comparer des énergies de natures différentes. Mais il n’y a pas une mais trois conventions "internationales", dont le choix dépend de l’usage que l’on veut en faire :
Ø une seconde permet de comparer les énergies primaires - celles effectivement utilisées pour produire l'électricité ou le carburant automobile par exemple - ; elle est pertinente lorsqu’on s’intéresse aux émissions de CO2 ou aux quantités de pétrole consommées
Ø et une troisième permet de comparer les énergies dites « utiles », par exemple les énergies mécaniques sur les arbres moteurs de machines thermiques et électriques ; elle est pertinente lorsqu’on s’intéresse avant tout aux efficacités énergétiques.
Avec ces deux dernières conventions - également utilisées et reconnues internationalement -, l'électricité nucléaire française représente bien 40 à 50 % du total de notre énergie, et l'électricité nucléaire mondiale 20 % de l'électricité.
Consciemment ou non, je l’ignore, Stéphane Lhomme a bien évidemment choisi la moins pertinente des trois conventions internationales pour parler de l’électricité comme moyen de remplacer – partiellement – le pétrole. Suivons en effet un moment sa logique : l'électricité mondiale, en utilisant la même convention que lui, représente environ 12 % de l'énergie consommée dans le monde : une broutille ! Dès lors, pourquoi se fatiguer à la produire par d'autres moyens que les combustibles fossiles ? Arrêtons tout de suite de construire des centrales nucléaires et des éoliennes, et ne gaspillons pas nos ressources à financer des recherches sur le photovoltaïque ou sur la fusion nucléaire !
En revanche, lorsqu'on s'intéresse au remplacement du pétrole et à la protection du climat - et donc au CO2 produit et relâché dans l'atmosphère - force est de s'intéresser à l'énergie primaire utilisée pour produire l’électricité ; soit, au niveau mondial, près du 1/3 de l'énergie totale (1). La production mondiale d'électricité est donc bien responsable d'une fraction notable des rejets de CO2 (plus de 20%); elle le serait encore plus sans le nucléaire (et l'hydraulique). Ce n'est pas un hasard si les rejets de CO2 par habitant sont plus de 1/3 plus faibles en France et en Suède qu'au Danemark et en Allemagne, c’est bien grâce au nucléaire et à l'hydraulique.
Certes, l'électricité ne peut pas tout faire, en tout cas tant qu'elle jouera un rôle marginal dans les transports. Son développement - nucléaire et renouvelable - se justifie par sa contribution à la maîtrise de l'effet de serre et - en ce qui concerne le nucléaire - par son faible coût (n'en déplaise à Stéphane Lhomme). Ce n'est déjà pas si mal ! Mais il faut aussi travailler d'arrache-pied pour mieux utiliser l'énergie, élargir les domaines d'utilisation de l'électricité, et développer les énergies de substitution au pétrole.
Il est temps que cessent ces petits jeux puérils alors que la planète est en danger. Il est plus que temps de tout mettre en œuvre pour sauver le climat.