Mr Park a écrit :
Le pire c'est que je ne me plains même pas, mais je trouve extrêmement choquant que des gens puissent se dire que "c'est pas si mal", car la seule façon de voir les choses ainsi c'est en refusant de regarder à côté. Je crois que les retraités ne peuvent pas comprendre la galère actuelle (et je ne les blâme pas pour ça, c'est générationnel), mais du coup je crois qu'ils pourraient parfois avoir la modestie de fermer leur gueule.
Et tant pis si je me fais foutre dehors.
J'entends ce que tu me dis et je prétends pas non plus que tout aille pour le mieux dans le meilleur des mondes. Mais à l'inverse des discours que tu dénonces on lit aussi régulièrement des tableaux tout en noir : nous vivons selon certains dans une tyrannie, dans des Etats policiers... bref des discours tout autant à côté de la plaque parce que si on regarde ce qui se passe ailleurs on peut aussi penser qu’on vit encore plus ou moins le cul bordé de nouilles en Europe (ce qui ne veut pas dire que certains d’entre nous ne vivent pas des drames au quotidien). Je vois pas grand monde ici s’émouvoir de tels propos, mais si j’applique ta jurisprudence, je pourrais volontiers traiter ces gens de connards également…
Si on vit une époque radicale, c’est peut-être aussi parce que individus ne sont plus capables de faire preuve de nuances et se comportent des enfants gâtés qui veulent tout avoir et son contraire. La démocratie c’est pas une vache dorée, c’est la recherche d’un équilibre précaire entre des intérêts qui parfois s’opposent, équilibre qui s’inscrit dans un contexte donné (démographique, social, culturel, économique).
Nombreux sont ceux ici (et j’en suis) qui défendent le maintien des acquis sociaux. Mais ça veut dire quoi concrètement ? Ca veut dire maintenir ce qui a été négocié âprement il y a quelques décennies dans un contexte économique et démographique différent, ou s’adapter à l’évolution de ce contexte pour trouver des solutions pour pérenniser dans le temps ces acquis sociaux, notamment en garantissant leur financement à long terme ?
A cet égard, le fait est que le régime des retraites en France est toujours aujourd’hui organisé sur une base fondamentalement corporatiste. Ma modeste lecture du mouvement de contestation, c’est pas celle d’un mouvement qui prône une approche solidaire mais plutôt un mouvement où chacun essaye de maintenir la couverture vers soi. La seule chose qui rapproche les contestataires (sans blague tous les travailleurs du monde sont d’accord là-dessus), c’est qu’ils n’ont pas trop envie de voir leur carrière s’allonger.
Bref, au risque d’en faire hurler certains, et dieu sait que je suis tout sauf un fanboy de Macron et sa clique, je considère que sur ce projet de réforme au moins ce gouvernement fait preuve de courage et de responsabilité politique. Ca ne veut pas dire qu’il n’y a rien à négocier certes, mais, mon point de vue, c’est que ceux qui défendent une forme de statu quo militent pour leur cul, et certainement pas pour la solidarité interpersonnelle ou intergénérationnelle.