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vendredi 26 mai 2006, 11h57
L'opposition dénonce l'amnistie accordée à Guy Drut
PARIS (Reuters) - L'opposition dénonce dans la mesure d'amnistie prise par le président Jacques Chirac en faveur de l'ancien champion Guy Drut un symbole "extrêmement choquant" d'une justice à deux vitesses.
Une telle décision est de nature à nourrir "l'abstention ou le vote d'extrême droite", a estimé Noël Mamère, député (Verts) de Gironde.
"M. Le Pen peut être tranquille, M. Chirac travaille pour lui", a-t-il dit sur France Inter, qualifiant le chef de l'Etat de "prince d'une République bananière" instaurant une politique de "deux poids, deux mesures".
Pierre Lellouche, député UMP de Paris, n'est pas loin d'être du même avis. Au mieux, a-t-il expliqué sur RTL, "il y a un risque" que cette amnistie soit mal comprise.
"Dans le climat actuel, il m'arrive parfois de me demander si nous ne (sommes) pas en train, tous ensemble, d'aller droit dans le mur en klaxonnant et en laissant la France à M. Le Pen et à Mme Ségolène Royal", a-t-il déploré.
Champion olympique du 110 mètres haies en 1976 à Montréal, ministre des Sports de 1995 à 1997, Guy Drut, 55 ans, a été condamné en octobre dernier à 15 mois de prison avec sursis et 50.000 euros d'amende dans l'affaire des marchés publics d'Ile-de-France.
L'Elysée a confirmé jeudi la décision d'amnistie, révélée par le journal L'Equipe, et a précisé qu'elle avait été prise en application de la loi de 2002 qui prévoit une telle mesure "pour les personnes ayant rendu des services à la Nation, notamment dans le domaine sportif".
SUSPENDU PAR LE CIO
Devenu élu RPR puis UMP, Guy Drut a été condamné pour avoir bénéficié d'un emploi fictif entre juin 1990 et février 1993 dans l'entreprise de bâtiment et travaux publics Sicra.
Il a perçu 774.047 francs (118.002 euros) de cette société. Il niait tout délit mais l'accusation estimait que cet emploi de complaisance était l'une des formes de rémunération de la corruption en marge des marchés publics d'Ile-de-France.
Guy Drut est un ami personnel de Jacques Chirac, pour lequel il a été chargé de mission à Matignon en 1975-1976, puis adjoint à la mairie de Paris entre 1985 et 1989.
Il était également membre du comité de candidature de Paris pour les Jeux olympiques de 2012 mais cette affaire et sa comparution publique l'ont conduit à prendre de la distance avec cette instance.
Début décembre, la commission exécutive du Comité international olympique (CIO) l'avait également suspendu provisoirement de ses fonctions.
Interrogé vendredi matin sur France Inter, Guy Drut s'est dit "soulagé" en évoquant la "très agréable surprise" d'être amnistié par Jacques Chirac.
"Cela fait six ans que cette affaire dure et cela m'a causé beaucoup de soucis par rapport au Comité international olympique et à ma vie politique", a-t-il expliqué.
L'ancien ministre "voit mal le CIO prendre une décision autre" que sa réintégration.
Après l'affaire Clearstream, "quelle image pour la France!", s'est emporté le député européen socialiste Vincent Peillon.
"C'est extrêmement choquant, ce pouvoir discrétionnaire. On a d'ailleurs le sentiment que quand Jacques Chirac exerce un pouvoir, c'est toujours à mauvais escient et nos concitoyens doivent se dire 'qu'est-ce que c'est que cette justice à deux vitesses?'", a-t-il dit sur LCI.
Quel enculé ce Chirac...