Biosmog a écrit :
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Mouais sauf que le débat, depuis plusieurs années -mois-semaines, n'est plus du tout gauche/droite. Et ça m'attriste que cela ne vous choque pas. Il faut entendre l' argumentaire ambigu des identitaires qui voient tantôt des "gauchiasses" tantôt (sans se rendre compte de la contradiction) des "tous pourris". Depuis quelque temps, en effet, la ligne de partage s'est complètement déplacée et ne correspond plus du tout à l'analyse de quantat en termes d'opposition de dogmes.
On est maintenant dans une opposition entre une vision classique de la politique comme espace délibération entre des individus rationnels, de bonne volonté, cherchant à travers le débat contradictoire la realisation du bien commun, et une vision de la politique en termes d'humiliation de catégories sociales, de disqualification des institutions sur lesquelles repose le pouvoir (pourtant convoité), de manipulation de l'opinion à travers la diffusion d'une paranoïa a-citoyenne. Méfiance et retrait de la vraie sphère publique ont remplacé solidarité et engagement citoyen. La vie politique dans son ancienne polarité n'était pas parfaite, mais elle se fondait sur un respect de quelques principes fondamentaux de la vie collective, quelques institutions.
Il faut voir ça, se rendre compte que les vieilles catégories de gauche et de droite continuent à définir certains objets. Mais l' essentiel du débat n'est plus du tout là, il est dans la possibilité même de mener un débat démocratique. En gros, il n'y a plus que les fossoyeurs de la politique qui mettent dos à dos des modèles en les accusant de dogmatisme.
Je ne conteste pas qu'il y ait du vrai et que les "identitaires" posent un problème particulier - au même titre d'ailleurs que les extrémistes de gauche.
Néanmoins, cette lecture, dont tu dis toi même qu'elle rapproche finalement la gauche et la droite "classique", constitue selon moi une perspective à partir de laquelle vont être systématiquement disqualifiés comme "extrémistes" des positions dont je pense qu'elles méritent d'être entendues.
Pour illustrer, j'ai un ami qui est royaliste, favorable à une monarchie parlementaire à l'échelle nationale, assortie d'une démocratie directe à l'échelle régionale (ne me demande pas comment ce serait réalisable, j'ignore si ça l'est et si c'est même souhaitable, là n'est pas mon propos). Cette position est automatiquement associée à l'extrême droite, alors que je constate qu'elle n'a rien de commun avec le fascisme
En conclusion donc, ce que tu nommes "vision classique de la politique" ressemble pour moi à une perspective élargie (par rapport à l'étroite opposition gauche-droite classique) qui défend une classe oligarchique et technocratique (je ne dis pas que c'est là TA volonté) et qui implique la disqualification
a priori d'un certain nombre de discours... Cette oligarchie se gave sur notre dos....
En un sens (mais en un sens seulement) je suis d'accord avec le pen comme avec mélanchon : la gauche et la droite classiques défendent les mêmes intérêts - qui ne sont pas les miens- .... pourtant j'execre autant la vision de le pen que celle de mélanchon .... mais j'ai déjà constaté qu'on pouvait chercher à me ranger du côté de l'un ou de l'autre, dès lors qu'on me considère à partir de la perspective "classique"