Mr Park a écrit :
manulonch a écrit :
Tiens, question sérieuse en passant (et j'ai pas envie d'aller zoner sur des forums de brouteurs), ils ont quelle position par rapport à l'avortement les vegans ?
C'est un comportement
déviant (Caribou je suis désolé mais dès que j'ai le temps ça finira en vidéo ça!)
Mais nomdidjù Manu, pourquoi "les vegans" devraient-ils avoir réponse à tout? Je sais que c'est un mouvement (comme tous les mouvements) où certains aiment se sentir supérieurs mais quand même, "les vegans" c'est pas des gens qui se réunissent chaque matin pour décider de ce qui est bien/pas bien (ils laissent ça aux curés
).
C'est fascinant ce besoin ou cette envie de se rassembler en groupe, et de définir les gens comme étant le groupe alors que ce ne sont que des individualités qui se rassemblent.
Bref. Heureusement qu'on a Lao pour recentrer de temps à autres. J'ai remarqué par hasard que mon steak végé favori (steak de noisettes, magnifiquement bon
) contenait un poil trop d'huile de palme à mon goùt. Ca m'a ennuyé, je dois (encore) me priver d'un truc que je croyais "meilleur" à tous les niveaux pour des raisons qui ne me touchent que de loin (déforestation,...). Mais bon, on l'oublie souvent, mais c'est ça aussi être végé
[/hs][/i]
Pourquoi les vegans devraient avoir une position spécifique sur l'avortement ? Les seuls qui peuvent avoir une position précise sur ça sont des concerné.e.s. Je n'ai personnellement rien contre et je trouve ça fallacieux d'associer l'avortement au véganisme, comme si les deux étaient impossibles à lier alors que pas du tout. Respecter la vie animale et lui donner des droits, c'est pas donner des droits à un amas de cellules, c'est donner droit à des êtres sentients. Après y a débat pour savoir quelle doit être la base légale de leur droit : est-ce le fait d'être sensible, la capacité à ressentir, ou le fait d'être en soi ? La première théorie est généralement associée au welfarisme développé et découvert par le public par Peter Singer, la deuxième généralement antispéciste, de Regan et Gary Francione.
C'est marrant que tu parles de l'individualité, car c'est exactement le développement qui est au sein du végansime. Pour ma part dans ma construction et mes expériences, je vois le veganisme comme une sorte de libéralisme philosophique qui serait appliqué à une logique utilitariste du style de Bentham, et où le tout serait appliqué à
tous les individus. Je sais que mes confrères ont généralement du mal avec le terme de libéralisme mais il est totalement assumé dans ce sens.
Ce dernier est d'ailleurs un précurseur dans le développement de cette pensée :
« Les Français ont déjà découvert que la noirceur de la peau n'est nullement une raison pour laquelle un être humain devrait être abandonné sans recours au caprice d'un tourmenteur. Il est possible qu’on reconnaisse un jour que le nombre de jambes, la pilosité de la peau, ou la terminaison de l’os sacrum, sont des raisons tout aussi insuffisantes d’abandonner un être sensible au même destin. Quel autre critère devrait tracer la ligne infranchissable ? Est-ce la faculté de raisonner, ou peut-être la faculté de discourir ? Mais un cheval ou un chien adulte est, au-delà de toute comparaison, un animal plus raisonnable, mais aussi plus susceptible de relations sociales, qu’un nourrisson d’un jour ou d’une semaine, ou même d'un mois. Mais supposons que la situation ait été différente, qu’en résulterait-il ? La question n'est pas “peuvent-ils raisonner ?”, ni “peuvent-ils parler ?”, mais “peuvent-ils souffrir ?”»
Quelque chose qu'on retrouve souvent est cette question de l'individu, et sa définition :
"7) un cochon peut apprendre à utiliser un ordinateur, mais il ne peut pas en construire un, ni comprendre comment ça marche, ni construire une ville. C’est ce qui distingue les humains des autres animaux.
"Certains humains (et pas d’autres) peuvent élaborer un plan d’architecture, ou empiler des briques, ou designer et construire des canalisations, etc. Mais aucun humain ne peut construire une ville. Il en est de même pour les ordinateurs. Nous les utilisons, mais sans forcément comprendre comment ils marchent de A à Z.
On voit ici que la pensée spéciste se construit sur la base de ce que les humains construisent ensemble et non pas de ce qu’ils peuvent faire ou non individuellement. L’antispécisme s’intéresse à des individus, tandis que le spécisme s’intéresse à leur nature, c’est à dire à des concepts qu’ils représentent dans la culture."
http://lesquestionscomposent.f(...)nuls/
Concernant ce besoin de se rassembler en groupe il y a deux choses :
_ Le besoin de se retrouver dans un monde qui ne partage pas les mêmes valeurs ;
_ Le besoin de créer des sociabilités au sein de ce groupe par intérêt commun. Est-ce que c'est pas ce qui a influencé également un certain nombre de musiciens, artistes, etc. qui ne trouvaient pas dans la société ce qu'ils recherchaient ?
Je vois pas ce qui est différent du véganisme d'autre mouvement sociaux... est-ce le féminisme se limite aux femmes ? Est-ce que l'antiracisme ne concerne que les personnes racisé.e.s ?
J'veux bien croire qu'il n'existe "que" des individualités comme tu le dis, mais le poids des structures sociales, de la tradition, de cette norme morale qui a éprouvé le besoin e justifier un certain nombre de comportements hier normaux et aujourd'hui réprouvés. Est-ce qu'on se verrait aujourd'hui voir des commerces et lieux publics avec ce genre de panneaux ?
La société évolue, les pensées politiques aussi, les structures sociales sont aujourd'hui peut-être moins déterminantes pour l'individu pour se définir et se représenter le monde, mais il n'empêche qu'il existe toujours un ordre établi sur un certain nombre de domaines (alimentation dans ce cas). Comme le disait Schopenhauer : "Toute vérité franchit trois étapes. D'abord, elle est ridiculisée. Ensuite, elle subit une forte opposition. Puis, elle est considérée comme ayant été une évidence."
Après avoir été ridiculisé, le véganisme est aujourd'hui dans la phase d'opposition (en témoigne ce topic, tous les topics sur internet, tous les débats des médias, etc. etc.). Ca a passé une phase d'abord d'individus qui prennent place dans le débat public, puis la constitution d'associations, pour regrouper les individus et leur donner du poids. Je me projette surement mais je vois bien en France (du moins), l'Etat reprendre à son compte le véganisme, imposer un certain cahier des charges pour pouvoir apposer le logo vegan qui est aujourd'hui l'oeuvre de sociétés privées ou d'associations, pour éviter les dérives (qu'on voit déjà aujourd'hui dans un sens un peu contraire avec l'interdiction européenne d'apposer le terme de "lait" ou "yaourt" alors que toutes les briques de lait de soja sont nommées suivant la législation Boisson, ou dessert végétal, et que cette nomination est autorisée au Lait d'amande de part sa tradition (médiévale), et au lait de coco puisque issu de la pulpe grasse de la noix et qu'identiquement les desserts soja suivent la même logique.
Enfin ne voir dans le véganisme qu'une "mode" me parait extrêmement réducteur au vu de l'évolution de cette pensée et de comment ça se passe actuellement :
http://www.telegraph.co.uk/foo(...)ears/