L'homme qui n'a pas d'étoile, enfin, parce que Kirk Douglas y trouve comme une justification tardive de son jeu d'acteur limité (ses pauvres grimaces ont gâché beaucoup de films et seul Minnelli, dans la
Vie passionnée de Vincent Van Gogh, a su l'employer avec une pareille maîtrise).
L'homme qui n'a pas d'étoile raconte l'histoire hautement symbolique d'un homme épris de grands espaces, vaguement anarchiste, vaguement tueur, vaguement justicier, qui ne veut donner de leçons à personne d'autre qu'à lui-même. L'individualisme féroce de King Vidor colle comme deux gouttes d'eau à ce personnage-emblème qui porte ses idées sur son visage comme un rictus, comme un slogan.
Son mode de vie est condamné par l'avidité des grands éleveurs et il le sait. Comble de dérision, il est amené à lutter aux côtés des petits fermiers qui posent des barbelés pour se protéger, barbelés qui l'ont cicatrisé à vie et qu'il déteste plus que tout. Paradoxal, frénétique, érotique, fiévreux, ce grand western primitif est aussi d'une rare mélancolie.
L. Skorecki
https://www.liberation.fr/medi(...)52859