chix4free a écrit :
Ce qui reste difficile à cerner, dans
Les sept couleurs mais pas seulement, c'est la limite entre l'adhésion à une certaine esthétique totalitaire et l'adhésion, au fond, à l'idéologie... quant à savoir si l'une ne va pas sans l'autre c'est un autre débat...
Mais chez beaucoup de "fascistes français" esthétique et idéologie allaient ensemble, par exemple Cousteau et Rebatet, extrait de
Dialogue de vaincus:
Cousteau - Entre les fastes wagnériens des congrès de Nuremberg, et les défilés marmiteux du Front Popu, de la Bastille à la Nation, pas d'hésitation : l'esthétique est dans le camp fasciste.
Rebatet - Il y a de ça, chez moi aussi, et même beaucoup. J'aimais déjà un certain style mussolinien, cet air désinvolte et renaissant qu'on trouvait dans la jeunesse italienne. Mais ma première grande sensation fasciste, ce fut le 30 juin 1934. J'étais encore tout gluant des vaseux complots de février, de notre misérable fascisme parisien, berné, divisé, châtré par les vieillards, les théoriciens à la gomme et les vendus. Je me reverrai toujours, sur la place Denfert, lisant dans la liasse de journaux que je venais d'acheter l'expédition punitive du Führer. Les plumitifs de l'Intran et des autres feuilles s'égosillaient d'horreur.
Cousteau - C'était en effet, en contradiction flagrante avec l'esthétique d'une répression démocratique. Les répressions démocratiques sont tout aussi féroces, plus même parfois, mais elles ont toujours un alibi juridique...
Rebatet - Moi, je voyais ce chef fondant comme l'aigle sur les coupables, opérant lui-même. Et j'entendais les trombones de la Walkyrie. Jusqu'à ce moment-là, les moustaches de Dudule*, les lorgnons sans regard de Himmler m'inspiraient surtout du dégoût. Mais du moment qu'il existait un wagnérisme hitlérien, il était bien difficile d'y rester insensible.
*Surnom d'Hitler à la rédaction de JSP...