Traduction des notes de Neil Strauss (pas tout, car il fait une longue digression sur l'histoire du rock...)
Dimanche après-midi, Tower Records, Sherman Oaks. Il a 17 ans, le gamin, qui parcoure le rayonnage "rock", lettre B. Je m'approche de lui pour entamer la conversation, comme je le fais avec des dizaines d'autres. On cause musique. Il s'appelle Grant Baylor, le gamin. Quand on aborde le sujet Nirvana, il me regarde fixement, avec un regard déconcerté.
"Qui ça?"
Et alors il se replonge dans le rayonnage, cherchant les disques de groupes dont le nom serait vraiment indigne de figurer dans les notes de ce boxset
Dans un sondage personel que j'ai effectué sur 30 ados ce même dimanche après-midi, seuls 11 ont déjà entendu parler de Nirvana.
Ainsi repose le corps du dernier groupe de rock important. Quand je dis important, je ne veux pas nécessairement dire bon ou musicallement transcendant. Je veux dire important pour la culture, la société, le "tissu de l'existence" dans une brève période de temps connue sous le nom d'"années 90". Un important livre d'histoire des années lycée, comme Genghis Khan, Bach, Appomatox ou Woodstock (au fait, pour ce que celà vaux, seulement 11 ados ont déjà entendu parler de Bach...)
Bien sûr, un tel legs n'est pas vraiment une bonne nouvelle pour Nirvana, qui a toujours connu une relation conflictuelle avec le succès. C'était un groupe qui voulait être une note de bas de page dont on se souvienne, mais pas l'histoire entière (sous-entendu, du rock). Ils voulaient être le "baume" dans l'oreille du paumé (je nie volontairement le mot "adolescent", car réduire Nirvana à un groupe de rock pour ados à l'instar de Sum 41 ou Linkin Park, c'est ridicule et réducteur) ; il voulait appartenir aux "désemancipés" (introvertis?), pas au monde entier. Ainsi, ils refusèrent de faire la couverture de Time Magazine, et choisirent de faire celle d'Alternative Press à la place. c'était leur objectif : détruire le système de l'intérieur, et de cette manière gagner le respect de leurs collègues et mentors musiciens.
A dire vrai, ce n'est pas chose aisée d'écrire des notes pour un boxset de Nirvana. Le groupe aurait détesté l'idée d'une longue exegèse critique sur sa signification historico-musicale. C'est déjà assez étrange de voir un boxset multimédia d'un groupe qui commença avec les meilleures intentions anti-commerciales : un single édition limitée en vynil de 7 pouces.
(bon ensuite il demande de mettre le CD 1, être relax pour qu'il raconte l'histoire du rock, puis la naissance du rock alternatif et des labels US cultes comme Sub Pop, SST, etc...)
A la fin des 80's, tout un univers underground s'est mis en place pour faire contre-pied au rock grand public de MTV à cette époque....
Un groupe en émergerait pour en prendre la tête. Pas délibérément, mais par accident. Tous ces symboles que le rock alternatif a créé par opposition : aux majors, à MTV, au top 40, aux "démarches félines la mode"(?), aux "cordes en velours" (????). Les groupes, puis les labels, puis la scène entière seront finallement absorbés par le système. Mauvaise nouvelle. La bonne nouvelle un influx imprévisible de VRAI rock fait de sens, colère, confusion, passion, intelligence, souci s'est mis à sortir aussi bien des Impalas que des BMW , touchant la vie de millions d'individus comme jamais le rock n'a fait
Nous savons tous le nom de ce groupe (à moins que vous ayez moins de 18 ans, dans ce cas seuls un tiers d'entre vous connaissent le nom de ce groupe)...
Oui, tout est là. Pour les fans. Pour les tarés. pour les enfoirés qui ont oublié. Une bande-son pour des millions d'âmes perdues, aliénées, sans substance ignorées par la machine pop. Peut-être la fin du rock comme ?? culturel du changement
Qui parlera désormais au nom de ces millions d'individus?
C'est une belle histoire, mais dont la fin tragique
Put forth the proposition