Moby Grape - Moby Grape - 1967
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Abordé rapidement il y a 4 ans (putain déjà
) page
30, post#450, je reviens sur ce superbe album, un classique de l'un des groupes fondateurs du psychédélic rock west coast.
Moby Grape, parmi tous les glorieux groupes a l'origine du son de San Francisco fin sixties, est en quelque sorte le loser magnifique.
Pourtant, comme
Jefferson Airplane,
Grateful Dead,
Steve Miller Band,
Big Brother and the Holding Company (avec
Janis Joplin),
Santana,
Quicksilver Messenger Service et d'autres..., Moby Grape est un groupe de référence du
San Francisco Sound et du "
Summer of Love".
Le groupe est formé à San Francisco fin 1966, à l'initiative de
Matthew Katz, le producteur manager de Jefferson Airplane et autour du guitariste
Skip Spence, ex-batteur original de Jefferson Airplane.
L'une des particularités du groupe est qu'il y a 3 guitaristes :
Peter Lewis et
Skip Spence plutôt en rythmique et
Jerry Miller en lead.
Le groupe réalise un psychédélic rock inspiré du folk, du blues, de la country et du jazz.
Par surcroît, les cinq membres de Moby Grape chantent...
Il faut donc s'attendre à une musique dense, bourrée de chœurs comme dans Jefferson Airplane, mais aussi saturée d'interventions à la guitare.
Moby Grape
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Le groupe représente le côté clair du psychédélisme : loin des improvisations prolongées, il propose des chansons d'une grande concision.
Il dispose en outre d'excellents instrumentistes, en particulier
Bob Mosley a la basse et Jerry Miller, dont les interventions à la guitare ne sacrifient jamais l'efficacité à la virtuosité.
On retrouve ce jeu guitare acide au vibrato typique de la west coast comme celui de
Jorma Kaukonen (Jefferson Airplane),
Barry "The Fish" Melton (Country Joe & The Fish) ou
John Cipollina (Quicksilver Messenger Service)...
Skip Spence, enfin, est l'atout cœur mais malheureusement souffre de schizophrénie, son destin se rapprochera des grands allumés du psychédélique tel
Syd Barrett dont il est un peu l'alter ego d'outre atlantique...
Il faut dire que son pétage de plombs fut spectaculaire : sous l’influence du LSD, Spence détruisit une chambre d’hôtel new-yorkaise à coups de hache pendant les sessions d’enregistrement du deuxième album de Moby Grape (
Wow) et fut placé illico en psychiatrie à l’hôpital de Bellevue, réputé pour son service psychiatrique.
Il y resta six mois, sous traitement de Thorazine (un neuroleptique souvent décrit comme un outil de lobotomie chimique) et y écrivit l’essentiel de son album solo
Oar.
Le label
Columbia, bon prince, lui file 1000 dollars pour aller enregistrer l’album qu’il a écrit en détention psychiatrique.
Alexander Skip Spence veut enregistrer à Nashville.
Mais pour se rendre à Nashville, il faut une moto, pas des musiciens ! Alors il achète une moto, il part de New York, et il affronte le froid de décembre pour parcourir les States sur sa moto (en pyjama selon la légende).
Durant le trajet, il pense à son album, il jouera de tous les instruments, pas besoin de putains de musiciens, tout est gravé dans sa tête.
Enregistré en moins d’une semaine, de la seule main de Spence qui joue de tous les instruments, Oar est devenu un album culte d'une sincérité déconcertante.
(voir page
31)
https://faroutmagazine.co.uk/s(...)band/
N’empêche que si
Moby Grape (l'album) n'est certes pas parfait, c'est quand même l'un des chefs d’œuvres que le psychédélisme a produit, figurant au même titre que
Forever Changes de
Love,
Surrealistic Pillow de Jefferson Airplane, le premier
Spirit,
Electric Music for the Mind and Body de
Country Joe & The Fish ou le premier
Doors pour situer quelques contemporains...
Playlist Complète :
Être plutôt que paraître, brouter plutôt que paître...