El Phaco a écrit :
Je serais plus nuancé quant à la reconnaissance. Les griots africains par exemple ont toujours eu un statut largement reconnu par leur communauté et qui leur assure une vie plus confortable que la moyenne. De même qu'en Europe, certains musiciens/compositeurs étaient déjà des célébrités au 19ème ou avant (cf. Lully à la cour de Louis XIV). Mais sinon oui, la superstar est un phénomène récent et bien occidental, et beaucoup de musiciens de part le monde correspondent à ta description.
Je n'ai pas du tout parlé de reconnaissance ou de célébrité et même de ce point de vue, c'est très discutable, car en réalité les griots africains sont complètement dépendants de quelques familles qu'ils honorent par leur oeuvres: ils ont intérêt à bien se placer. Constituant une caste à part, ils ont une position sociale particulière, à la merci des pouvoirs tout en détenant énormément de pouvoirs. Ceci dit, c'est guère différent de la situations des musiciens, et tous les artistes en général de la vieille Europe: pense à Rousseau, qui recevait des dizaines de lettres de fans par jour en 1763-64 (une star) mais en était réduit à demander la protection économiques de ses amis. Mais mon propos est très différent. Il est qu'économiquement, les musiciens sont passés pendant 40 années, d'un statut de dépendance économique à un statut d'élite. Ça c'est inédit.
coyote a écrit :
Biosmog a écrit :
Et sinon, sur la gratuité de la musique, c'est un vaste débat. Ma conclusion (pour faire plus vite) c'est que le monde de la musique a vécu une période absolument inédite dans l'histoire, grosso modo de 1960 à 2005 où les musiciens, en occident, pouvaient devenir millionnaires, j'aurais presque envie d'ajouter "facilement" (des gars sortaient un gros tube et leur subsistance était assurée pour 25 années). C'est évidemment l'industrie du disque qui a permis de financer les musiciens, les concerts devenant des outils promotionnels des prestations enregistrées (le monde à l'envers). Parce que presque partout ailleurs et en tout temps, les musiciens ont vécu pour la très grande majorité d'entre eux dans des conditions de bohème, de quasi-nomades devant donner des concerts de villes en villes. Je pense qu'étant né au milieu de cette période exceptionnelle, on n'arrive pas vraiment à le concevoir, mais le showbiz de la musique est redevenu ce qu'il a toujours été: une économie relativement modeste.
Je serai beaucoup plus nuancé (Edit, même formule qu'El Phaco, vu après !!
), de nombreux chanteurs (chansonniers) et musiciens gagnaient très bien leur vie avant l'avant l'age d'or de l'industrie du disque. ça serait beaucoup trop long à développer et hors-sujet, mais je conseille à ceux que le sujet interessent de jeter un oeil au Traité de l'arrangement Volume V d'Ivan Jullien, un long chapitre y est consacré à l'histoire du café concert (le fameux caf' conc'), des "tubes", des musiciens/chanteurs/chansonniers de la fin du XVIII à nos jours et c'est captivant !!
Oui, mais réussir à très bien gagner sa vie, n'a aucun rapport avec devenir multimillionnaire (relis, c'est de ça dont je parle). Et d'ailleurs, je nuancerais vraiment le «très bien» que tu utilises. La fin du XVIIIe, je connais plutôt bien et ce n'est pas ce que j'ai compris de cette période.
Vous battez pas, je vous aime tous