Gzii a écrit :
Pour moi ce que j'ai entendu des Meters (j'ai écouté avec plaisir l'album conseillé hier), ça peut s'écrire en partition, pas de souci.
Mais il y a toujours, comme dans beaucoup de morceaux de musique non «classique», une façon de broder autour d'une mélodie, d'un motif rythmique, qui rendrait idiot le fait de tout écrire en partition (certains artistes par exemple ne jouent jamais exactement pareil même si au fil des concerts et des tournées il y a des choses qui se fixent). Mais on retrouve ça dans beaucoup de morceaux, dans des rythmiques qui se basent sur un modèle mais où le guitariste fait des variations au gré de son humeur etc.
Pour moi ça n'est pas de l'imprécision.
Tout comme le léger shuffle qu'on peut mettre et que les machines ne font pas par défaut. Ou le dosage de chaque note qui appartient à celui qui joue et en ce sens oui bordel le feeling ça existe, la façon d'emmener une note, faire varier une fois sur deux le moment où on coupe cette note, les notes jouées un peu moins fort ou un peu plus etc. qui peuvent donner une énergie fabuleuse mais demandent une certaine forme de précision.
Alors certes ça n'est pas de la précision mécanique, c'est plus organique, mais c'en est tout de même une, qu'on retrouvera bien plus facilement quand les musiciens jouent ensemble sur les enregistrements et non un par un.
Je te rejoins en partie dans cette analyse. Cependant, ce qui fait justement la magie de ces musiques afro américaines des ces époques, c'est que leur interprétation est intranscriptible (non, on ne peut pas écrire précisément une partition de delta blues, ou un lick funky de Teenie Hodges ou de Nocentelli).
On en a déja parlé ici, mais ces mecs à l'époque jouaient "sale", "out" appelle ça comme tu veux. A la base (dans le blues), c'était souvent du à des limitations techniques. Et ce sont ces limitations techniques (mais aussi harmoniques) qui ont forgé l'âme de toutes ces musiques. Les mecs se sont concentrés sur autre chose, sur l'interprétation, la tourne, les sons...
Ces musiques sont remplies de ghost notes, de notes qui sonnent "à moitié", de fluctuations rythmiques et dynamiques, de "grattements" divers et variés...
Cet héritage qui vient du blues s'est ressenti sur toutes les musiques afro américaines des 60' et 70', les mecs qui venaient de là avaient tous cette "patte" commune qui est immédiatement reconnaissable (à des degrés divers bien entendu).
Pourquoi personne ne peut jouer du Hendrix "comme Hendrix" aujourd'hui ? Parce que sa musique est remplie de cette emprunte de blues primitif, qui est faite de toutes ces nuances de jeu, innombrables, qui ne s'écrivent pas sur une partition. Hendrix a écumé le chitlin circuit, il a appris la musique avec ces musiciens de R&B qui eux mêmes venaient du Blues, ce n'est pas un hasard...
C'est quelque part ce qui fait la différence entre un Clapton et un Hendrix...pauvre Clapton, je comprends sa détresse la première fois qu'il a écouté Hendrix
il avait sans doute très vite compris ce qui lui manquait et qu'il n'aurait jamais (aussi bon guitariste soit il).
A tiens je suis assez content de cette allégorie, Vulfpek c'est un peu Clapton et Meters c'est un peu Hendrix
Du Blues, de la Soul, une touche de Jazz, un zeste de Rock, une pincée de Folk, un doigt de Country...