J'aime bien la définition d'axolotl, parce qu'elle est très bien expliquée et qu'elle a un réel sens. Mais ce n'est pas celle que je donnerais. Toutes ces discussions montrent quand même que définir le feeling, hummm, voila quoi, pas évident .
Pour moi, le feeling, c'est avant tout être spontané quand on joue, c'est-à-dire jouer sans réfléchir à ce que l'on est en train de faire. Ca ne veut pas dire jouer au hasard, ou jouer par automatisme. Je vais prendre quelques exemples pour illustrer mon propos :
1er exemple : le vibrato, que l'on présente souvent comme marque du sacro saint feeling. Tout guitariste moyen sait faire un vibrato main gauche. Je vois un peu une évolution dans son utilisation qui ressemblerait à ça : le guitariste débutant/moyen fait son vibrato par automatisme, c'est un peu toujours le même (même amplitude, même fréquence). Le guitariste moyen, qui se rend compte de ses lacunes, travaille son vibrato pour l'adapter au besoin du moment : son vibrato veut dire quelque chose, mais il réfléchit encore à ce qu'il fait, ce n'est pas spontané, même si le résultat peut ne pas s'en resentir. Le guitariste plus avancé n'aura pas besoin de réfléchir à ce qu'il fait : le vibrato approprié viendra spontanément et traduira son intention. Le résultat n'est pas forcément différent de celui qui y réfléchit cela dit.
2e exemple : le feeling ne s'oppose pas à la technique, au contraire. C'est la technique (fonction de nos besoins, elle peut prendre des formes variées : jouer vite, faire des bends à tout va, avoir de bonne connaissances en harmonie etc...), qui permet de jouer "au feeling". Je bosse depuis une semaine le morceau Jump de Van Halen, et plus précisément le solo qui va avec. Ma technique, à l'heure actuelle, me permet de faire suffisamment illusion mais pas de le jouer aussi bien que je le souhaiterais. Bref, je suis limite techniquement, surtout pour les harmoniques et les bends qui vont avec (curieusement, ce n'est pas le tapping qui pourrait sembler le point le plus technique). Je vais le passer ce solo, y a pas trop de soucis, mais je le jouerai les dents serrées, concentré à jouer juste et à peu près en place. Si je regarde Van Halen ou, pour citer un guitariste plus humain, Stef Herbuel qui a mis une vidéo du solo dispo sur son site, ça paraît très très simple. Ca en devient même moins impressionnant car moi, ça se voit que c'est dur ce que je joue . Quand eux le jouent, ils le jouent au feeling. C'est-à-dire qu'ils ne s'embarassent pas de détails techniques, ils jouent, basta. Et ils jouent avec plus de plaisir que moi car c'est spontané, peu importe que ce soit écrit et non improvisé.
Voila, pour moi, le feeling, c'est quand l'action de jouer n'est pas polluée par des questions genre "qu'est-ce que je vais jouer là, maintenant ?", ou "vais-je passer ce plan ?", ou "Merde, je suis où dans la grille ?", ou "Ah, tiens, je vais essayer de caser du jeu altéré sur cette mesure". Mais je le répète, pour moi, à moins de les considérer comme innées, il y a d'abord besoin d'acquérir des connaissances techniques et théoriques, une bonne oreille, etc... Vouloir opposer technique et feeling est à mon avis un contresens qui, limite, frise la prétention (genre, moi j'ai pas besoin de bosser mon instrument).
Les petits pains, ça fait du bien au ventre et les gros pains, ça fait du mal aux oreilles.