Olivier a écrit :
Blow Up a écrit :
Il était temps. Incroyable que ce mec qui est l'incarnation du politique carriériste cupide, pourri jusqu'à la moelle, dont tout le monde connaissait les magouilles et les multiples casseroles, ne soit inquiété que si tard et réélu régulièrement depuis 30 ans.
http://www.leparisien.fr/polit(...)3.php
Il faut quand même citer les propos de l'intéressé:
"Il estime être «jeté aux chiens et à une sorte de justice en place publique qui rappelle les plus sombres périodes de notre histoire»"
Patrick Balkany, le 26 novembre 2007, à Pekin, devant l’œuvre “Suicide Serie » de l’artiste Wei Guangqing© Reuters
Des preuves deux fois entre les mains de la justice…
Voici le détail des documents remis par Didier Schuller à la justice :
1) UN RAPPORT DE POLICE DE 1998
Après une « série de vérifications bancaires », un officier de police judiciaire résume en juin 1998 ses trouvailles, à l’intention du juge d’instruction Philippe Vandingenen : une holding suisse baptisée “Supo” apparaît avoir versé en trois fois, sur le compte bancaire parisien de Patrick Balkany, quelque 31,5 millions de francs (soit 4,8 millions d’euros entre 1989 et 1991) pour acheter « près de 50 % » de la société de prêt-à-porter familiale des Balkany, Laine et soie Réty.
Une drôle d’affaire pour Supo, puisque l’entreprise d’habillement est « endettée à hauteur de 28 millions d’euros » et ne vaut pas grand-chose – ces actions seront d’ailleurs revendues « un franc symbolique » quelques années plus tard. Conclusion de l’enquêteur : cette belle opération commerciale « peut avoir servi à masquer le versement de fonds à M. Patrick Balkany, alors président de l’Office départemental HLM du 92 ».
2) UN VERSEMENT DU LIECHTENSTEIN VERS LA SUISSE
Saisi par un magistrat suisse à la demande du juge Vandingenen, ce document inédit révèle un versement de 11,025 millions de francs (soit 1,7 million d’euros), ordonné en 1991 par la société Lecaya basée au Liechtenstein au profit de la société “Supo”, dans une banque suisse de Zurich. Celle-ci semble avoir ensuite transféré l’argent sur le compte parisien de Patrick Balkany, dans le cadre du rachat de Laine et soie Réty.
Dans le livre French Corruption, Didier Schuller assure que « l’ayant droit de Lecaya était… Patrick Balkany ». « C’est par cette discrète société au Liechtenstein que transitaient les fonds issus des marchés publics destinés à Patrick Balkany », affirme-t-il. En clair, l’étrange vente des actions de Laine et soie aurait permis à l’élu UMP de blanchir l’argent détourné sur les marchés publics du 9-2. De fait, ce versement de 1991 doit bien bénéficier indirectement à Patrick Balkany, puisque le juge helvète qui a saisi le document bancaire prend soin de lui communiquer la pièce
3) UN RAPPORT DE POLICE DE 2001
En 2001, la police judiciaire s’est déplacée sur l’île antillaise de Saint-Martin, où Patrick Balkany a ses habitudes. Et dans une synthèse destinée à la juge d’instruction Michèle Vaubaillon, jamais publiée, l’officier rapporte que « Monsieur Balkany possède un compte bancaire dans la partie hollandaise de l’île (…) qu’il utilise pour ses besoins personnels ». A-t-il jamais été déclaré au fisc français ? L’enquêteur estime surtout que Patrick Balkany, officiellement locataire d’une villa avec piscine baptisée Maison du soleil, « est dans les faits propriétaire ». Grâce à des informations préalablement recueillies sur une société « paravent » liée à l’élu UMP, Atlas Finanz service, il se permet même « de supposer que M. Balkany est également propriétaire » d’un second bien sur Saint-Martin, la villa Serena.
4) UN COMPTE EN SUISSE
Déjà publiée par Le Point, cette quatrième pièce atteste de l’ouverture d’un compte en Suisse par Patrick Balkany, au sein de la banque ABN Amro, en juillet 1994. Dès lors, se pose la même question que pour le compte à Saint-Martin : a-t-il bien été déclaré ? Dans le livre French Corruption, Didier Schuller croit se souvenir qu’à un moment, « il y avait au moins 18 millions de francs, il me l’avait dit ».
Sollicité par Mediapart, Patrick Balkany n’a pas souhaité répondre à nos questions. Dans un communiqué publié sur Twitter après les révélations du Point, il était tout de même revenu sur l’opération concernant Laine et soie Réty, affirmant : « J’ai vendu à un investisseur suisse, en toute légalité, mes actions de l’entreprise familiale de prêt-à-porter, à la fin des années 1980. Le produit de la vente de ces actions a été intégralement transféré à l’époque au CCF de Levallois. »
Les autres affaires Balkany en cours
Plus d’un an après le départ de son ami Nicolas Sarkozy de l’Élysée, Patrick Balkany apparaît désormais de plus en plus cerné par la justice, qui investigue en outre sur plusieurs affaires liées à son mandat de maire de Levallois-Perret.
Le procureur de Nanterre, Robert Gelli, vient certes de classer sans suite l’enquête ouverte en 2012 sur certaines dérives au sein de la police municipale, en particulier sur les écoutes illégales mises en place par la ville à l’insu des agents – « la régularisation de la situation est intervenue », a bien voulu considérer le parquet. Mais deux autres dossiers plus encombrants, explorés par la police judiciaire parisienne, ont de quoi donner des sueurs froides à l’élu UMP.
Dans le cadre d’une enquête préliminaire, les enquêteurs de la PJ s’intéressent en effet aux chauffeurs du maire (des policiers municipaux pour la plupart), que Patrick Balkany a embarqués lors de plusieurs vacances à Saint-Martin. Ils cherchent à savoir qui a payé leurs billets (de l’élu ou de la municipalité), si les agents ont conduit sur place ou fait bronzette, s’ils ont voyagé sur leur temps de travail (en clair aux frais de la collectivité) ou bien posé des vacances.
Début octobre, lors d’une visite surprise à la mairie de Levallois, les policiers ont ainsi saisi plusieurs documents administratifs, plannings et feuilles de congés, susceptibles d’étayer – ou non – le scénario d’une prise illégale d’intérêts.
Par ailleurs, comme l’a révélé Le Parisien le 17 octobre, une information judiciaire a été discrètement ouverte en 2012 par le parquet de Paris, qui vise l’emploi présumé fictif d’un certain Jean Testanière, recruté par la ville de 2006 à 2010, bizarrement injecté dans l’organigramme du Levallois Sporting Club en 2009, avec pour mission officielle la préparation psychologique des athlètes du pôle olympique. Surnommé « Le Mage » pour des dons supposés de guérisseur (dont il aurait fait profiter Isabelle Balkany), Jean Testanière s’est surtout retrouvé accusé d’« abus de confiance » et d’« association de malfaiteurs » au récent procès du cercle Wagram, cet établissement de jeux parisien lié au grand banditisme corse.
Si l’instruction a été prudemment ouverte « contre X… », elle menace aujourd’hui le maire, qui a défendu lui-même cette embauche devant son conseil municipal.
FABRICE ARFI ET MATHILDE MATHIEU – mediapart.fr