El Phaco a écrit :
OldGun a écrit :
C'est une histoire de ressenti suivant le prisme que l'on porte.
Non, pas seulement. C'est idéologique. L'extrême-droite depuis le fascisme porte la violence comme part de son idéologie. La glorification de la violence comme pulsion de vie, la fascination pour un corps masculin taillé pour la guerre font partie du bagage culturel fasciste et nazi. Et l'extrême-droite actuelle, quand elle n'est pas sous les ors de l'Assemblée, a une filiation directe avec ce mouvement qu'elle revendique d'ailleurs assez régulièrement (voir les salut nazis, croix gammées, etc).
A gauche c'est plus compliqué et contradictoire. D'abord la grande majorité ds militants a fait son aggiornamento : très peu se revendiquent encore du marxisme version léniniste puis staliniste/mao, ou des anars poseurs de bombes de la fin du 19ème. Ce qu'il reste de tout ça, c'est une fascination pour la Révolution, le retournement des tables, le peuple en armes, ce qui est effectivement une forme de violence dont les black blocs sont une illustration. Mais, première différence, de nature, c'est une violence exercée pour parvenir à une fin, pas pour elle-même. De plus, la violence surmédiatisée des black blocs est d'abord de faible intensité et ciblée sur des éléments matériels. A ma connaissance, les black blocs n'ont jamais tué personne, même si on constate depuis peu une intensification des violences face à la police en manif. C'est pas tout à fait la même chose qu'incendier la maison du maire avec des cocktails molotov.
https://reporterre.net/Quelle-(...)colos
https://www.francetvinfo.fr/ec(...).html
Surtout, cette tendance est largement freinée par une répulsion face à la violence qui est ancrée dans les partis de la gauche radicale et les syndicats. En dehors des black blocs qui sont très minoritaires, le peuple de gauche est très largement hostile à la violence, c'est la désobéissance civile non violente qui domine et est d'ailleurs considérée comme un dogme par les black blocs.
Donc, non, je ne pense pas qu'on puisse aujourd'hui renvoyer dos à dos violence d'extrême-droite et d'extrême-gauche. Dans un cas on a une idéologie de la violence qui s'exerce contre des personnes, dans l'autre une violence utilisée pour déstabiliser le pouvoir en visant des symboles matériels. Violence attisée aussi par la police pour décrédibiliser les mouvements sociaux (cf. l'affaire de cet étudiant tchadien que des policiers en civil ont cherché à faire incendier des poubelles, ce qu'il a refusé de faire, je ne trouve plus la source, l'affaire a été largement débattue ici).
Tu as du en passer du temps pour rédiger ton argumentaire, j'apprécie et c'est très intéressant. Pour poser le contexte, je suis issu d'une famille ouvrière/paysanne, non-engagée politiquement, capable de voter à droite ou à gauche en fonction des valeurs associées à un représentant plus qu'à un programme politique
et de plus, de culture alsacienne
Dans mon secteur, tout ces trucs de manifs avec de la casse, ça révulse les gens qui ne comprennent pas qu'il faille casser pour vivre mieux. Même lors de plans sociaux, on ne brûle pas de pneus, c'est culturel. Pour les gens du coin, si on est pas content du système, on vote différemment la prochaine fois, c'est tout.
C'est drôle, car l'Alsace fut une des régions les plus motivées par la révolution Française, et avant cela par la guerre des paysans (1525, tentative d'abolir le régime féodal et mise en place d'articles prémices à la déclaration des droits de l'homme), mais comme on s'en est pris tellement dans la gueule durant les 150 dernières années qu'il y a une sorte de résignation et de dégout des violences (de droite comme de gauche). C'est culturel et cela peut choquer les engagés politiques, mais c'est comme ça.