Pour recadrer un peu la discussion sur le contenu, on parle de l'interdiction d'accès aux réseaux sociaux avant 15 ans, pas de l'interdiction des smartphones.
Dans le principe, je suis plutôt pour. Je vois tous les jours les effets que ça a sur les ados accrocs à la notif et la façon dont ça simplifie et amplifie le harcèlement.
Dans la pratique, on fait comment ? Demander son âge ne sert à rien quand il suffit de cliquer sur "oui je suis majeur" quand le popup apparaît... Les contrôles parentaux se contournent assez aisément quand on sait comment faire (et y'a toujours un copain qui sait). D'autant plus que la dernière mode à la con dans l'EN est de fournir une tablette aux lycéens à l'entrée en 2nde, objet à la valeur pédagogique discutable. Ca peut servir dans certaines matières, mais mieux équiper les bahuts en salles informatiques serait plus intéressant, plus durable, et éviterait aux parents d'avoir un écran de plus à gérer à la maison. Oui, mais c'est moins vendeur face à l'électeur potentiel... Sur mon aîné qui a une tendance à l'addiction (il a un trouble de l'attention), l'effet a été immédiat : dès qu'il a eu sa tablette, il a cessé d'aller au CDI pendant les heures de perm, et il ne lit plus alors qu'il dévorait des bouquins jusqu'à l'an dernier.
A la maison, la politique c'est pas de téléphone au primaire, smartphone bridé par le contrôle parental au collège (pour l'accès, bien pratique, à ProNote. Le contrôle se contourne mais je sais comment vérifier que ça a été contourné et ma fille craint suffisamment d'être privée de son précieux pour ne pas jouer avec le feu). Et au lycée, smartphone sans contrôle parental que mon grand sait de toute façon faire sauter, mais récupération des écrans le soir.
La pédagogie, c'est bien, mais on laisse les jeunes face à un rouleau compresseur marketing conçu pour créer de la dépendance. Leur demander de contrôler leurs usages, c'est un peu comme demander à un héroïnomane en manque de ne pas se servir dans la boîte posée devant lui. Ils ne sont par armés pour (et combien d'adultes ne le sont pas non plus ??), et expliquer que ce n'est pas bien ne suffit malheureusement pas.
Après je n'ai pas de solution à proposer. L'interdiction légale ne sera probablement qu'un effet d'annonce, sur le monde "z'avez vu on s'occupe du problème", mais sans impact réel. Ce ne sont pas que les enfants qu'il faudrait éduquer, mais toute la société qui est malade de cette connectivité permanente qui nous fait confondre l'urgent, l'important, et l'accessoire.