Actualité politique / Règles en page 1

Un exemple de bêtise des jeunes : ma fille qui est en terminale racontait que sa prof de philo a piqué une crise en classe. Plusieurs élèves trouvaient que l'incivisme c'est tous ces gens qui font des enfants pour toucher des aides, sans voir le problème de l'évasion fiscale.

Y sont cons ces jeunes. Ou peut être qu'ils écoutent trop les conneries que racontent leurs génies de parents ?

Bah, déjà de mon temps (que les moins de 20 ans lalala Aznavour) on appelait ça "l'argent-braguette"

L’école de mes enfants a largement plus de moyens que la mienne dans les années 80.

Dans mon école primaire on avait des instituteurs qui n’avaient pas plus que le BAC, on était 30 par classe, avec une cantine dégueulasse, quasiment aucun matériel pédagogique, pas de gymnase et hormis les cahiers rien n’était offert par l’École.
Au final, tout gosse de prolos et d’immigrés qu’on était on arrivait au collège en sachant écrire et compter correctement.

Aujourd’hui, toujours dans l’école de mes gosses (où le niveau social est plutôt élevé), ils sont maximum 22 (souvent moins de 20), avec une cantine faite de produits bios et de menus riches et variés, les stylos et les cahiers et tout le reste est offert par l’école, ils ont un vrai prof de sport, un vrai prof de musique, une vraie prof d’arts (moi c’était la maîtresse qui faisait très mal tout ça) et pourtant ils sortent de CM2 avec un niveau scolaire catastrophique : la très grande majorité des CM2 ne savent pas rédiger une phrase simple sans faire de faute; ne savent résoudre un problème et il suffit de faire quelques sorties scolaires avec eux (je me les tape quasi toutes) pour se rendre compte que leur faculté de concentration est pour la majeure partie à peine supérieure à un gosse de grande section de maternelle.

Mais il reste des gens pour nier ce constat …

Demandez donc à des enseignants (quelque soit le niveau ou la matière) qui ont au moins 15 ans d’XP; le constat est si flagrant.


Même chez les « élites », ma femme (qui n’est pourtant pas française) enseigne dans une université privée assez réputée et elle est chaque fois sidérée par la faiblesse des ses étudiants en Master II, tant en orthographe qu’en expression écrite, mais plus grave encore : en leur capacité de construire un raisonnement (personnel ou non).


C’est facile de faire l’autruche en disant « c’est une vue de l’esprit, la preuve, les Grecs le disaient déjà à l’Antiquité »; mais c’est dans ce cas oublier ou nier que l’Histoire est une succession de cycles entre progressions, stagnassions et régressions de tous les aspects d’une société.

Aussi il y aura toujours des arbres qui cachent la forêt, et une seule statistique (QI par exemple) ne suffit pas à démontrer un phénomène, mais là ce sont tous les signaux qui sont au rouge.

Aujourd’hui, quand je lis les arguments de ceux qui ne voient pas l’effondrement du niveau scolaire en Occident, j’ai l’impression de lire des climatosceptiques près à tout pour nier l’évidence.
« Déjà l’Antiquité avaient connu des températures extrêmes, et ils ne sont pas morts .. »


Les facteurs pour expliquer ce phénomène sont forcément multiples et complexes; mais je persiste à croire que l’effondrement du respect de l’Institution (les Profs et l’Ecole ne sont plus respectés) par les parents d’élèves représente une grande part du problème.

Les parents (enfin, une partie) ne font que suivre un mouvement initié par les politiques. Ca fait des années qu'en haut de l'Etat on explique que les profs sont des branleurs, qu'il y a trop de monde qui ne fout rien et que tout ça coûte trop cher ("il faut dégraisser le mammouth", merci Claude ministre de l'EN. Une pensée aussi pour madame Oudéa-Castera, sans même parler de la dernière sortie de Sarko...). Les gens ne font que suivre des discours qui viennent d'en haut. J'en veux plus à nos hommes politiques qu'aux parents, d'autant plus que les gouvernements successifs semblent prendre un malin plaisir à détricoter ce qui fonctionne encore.

Les profs absents sont de moins en moins remplacés : logique, on n'a plus de TZR. Kezako un TZR ? Titulaire de Zone de Remplacement. Ce sont des profs qui n'étaient pas affectés à un établissement à l'année mais qui effectuaient les remplacements sur une zone géographique donnée. Du coup ils ne travaillaient pas à certains moments de l'année, quand il n'y avait pas de profs absents. Scandale ! Aujourd'hui, on fait appel à des contractuels. Sauf qu'ils ne sont pas tenus de venir, puisqu'ils signent un nouveau contrat à chaque fois. Et quand il faut aller dans des zones mal desservies, ils n'y vont pas, trop cher et trop de temps de transport par rapport à la paye proposée. Contrairement à la légende, les profs ne sont guère plus absents au travail que le reste des travailleurs. Sauf qu'un prof absent, ça se voit.

Donc oui, l'attractivité du métier est en chute libre, et c'est encore plus vrai dans les matières scientifiques qui peuvent ouvrir la voie à des carrières d'ingénieur par exemple, à diplôme comparable. D'autant plus que chaque année, on a une nouveauté sympa : jours de carence (couverts par les entreprises pour 2/3 des salariés du privés, mais ça personne ne le dit), formations sur les temps de repos (bizarrement, la fréquentation des formations est en forte baisse...). La paperasse qui s'accroît chaque année, les dispositifs débiles pondus par des gens au ministère qui n'ont pas vu un élève depuis 30 ans (dispositifs qui coûtent un bras et prennent des moyens qui seraient bien utiles ailleurs), j'en passe et des meilleures. Je suis en colère. Très en colère. Mais tout mettre sur le dos des parents ? Trop simple. Les parents sont à l'image de la société. Il y a certainement de gros cons dans le lot, sûrement plus qu'avant. Mais beaucoup sont tout simplement en perdition et incapables de faire face. Pour un paquet de raisons différentes (+ de la moitié des élèves de mon bahut viennent de milieux dits défavorisés). Le jour où nos ministres, notre président, nos députés, nos recteurs, montreront un minimum de respect pour le travail que nous accomplissons, je suis persuadé qu'on aura moins de problème avec les parents.

Je suis complètement d'accord avec toi que les politiques ne font rien pour sauver l’École Publique (et c'est rien de le dire), mais ce n'est pas la simple cause de ce naufrage selon moi.

Ce n'est qu'un simple exemple, mais quand des parents se permettent de partir en vacances la veille des vacances scolaires, ou carrément de faire rater une semaine d'école pour "profiter des tarifs hors saison au ski"; ce n'est pas parce qu'ils considèrent que la maîtresse est une branleuse, c'est juste qu'ils sont individualistes et que pour eux "bah ça va .. y'a plus grave dans la vie" (ce qui est vrai fondamentalement).
Ça donne quoi comme image à leurs gosses vis à vis de l'Institution et des règles de Société si leurs propres parents "bidouillent" avec ces règles ?


Et encore une fois, je peux comprendre ce genre de comportements égoïstes ou les défiances vis-à-vis des enseignants lorsqu'il s'agit de crétins de libéraux fans de Trump qui cherchent le moindre prétexte pour saper toute recherche d'égalité entre les citoyens, mais on est loin de cela aujourd'hui et ce sont des pseudos gens de gauche/progressistes qui sont les premiers à laisser le bateau couler soit en niant les problèmes de niveau ("mais non, les gosses ne sont pas moins bons qu'avant .. ils sont différents"), soit carrément en remettant en cause les enseignants (dès lors que leur propre gamin mal élevé casse les couilles aux autres) et l'Institution.

un truc que je ne comprends pas trop dans le système scolaire : on saute un jour de classe pour faire le pont, ça fait tout un scandale, mais on n'hésite pas à exclure des enfants un peu turbulents pour une semaine complète ! Le rattrapage est bien plus compliqué dans le 2eme cas... C'est comme la contradiction "exclusion définitive" et "scolarité obligatoire"...

Les exclusions d'une semaine, c'est pas pour les gamins "un peu turbulents". On est déjà sur des actes assez graves. Sinon on pratique de plus en plus l'inclusion : le gamin est exclu des cours mais est tenu d'être au lycée toute la journée, en perm, avec du travail.

Et pour répondre à Jay, le coup des vacances, ce n'est pas ce qui me gêne le plus. Je l'ai même fait ado, quand on est allé voir mon père au Burkina. Sur des gros voyages je peux le comprendre. Ce qui me dérange plus, pour rester dans ce que tu évoques, ce sont les parents qui refusent que leurs gamins fassent des TIG en punition. Pourtant c'est pas mal. Les pires parents que j'ai vus, indirectement, c'est quand ma femme a bossé à Stanislas Fréjus. Les pires années professionnelles de sa vie. Le père qui explique au gamin que ce n'est pas nécessaire d'écouter quelqu'un qui ne gagne que 2000e par mois

Le discours typique du mec du droite friqué que je connais très bien.
Un de mes meilleurs potes est prof à l'EIB à Paris (je te laisse regarder le niveau scolaire et les tarifs sur le net) et un élève a déjà dit à un de ses collègues "Mais monsieur, même en ratant complètement ma vie je gagnerai plus d'argent et j'aurai une plus belle femme que vous" ... Mais au moins le môme a été viré sur le champ.

Mais ce discours n'est pas pire que "j'en bas les couilles, mon père va venir te casser la gueule si tu me fais chier".

Un élève qui fait un pont, parce que ses parents ont décidé de partir en week-end prolongé, je trouve que c'est de l'irrespect pour le corps enseignant et le reste de la classe. Si l'enseignant fait pareil tout le monde va crier au scandale. Mais si Jean Édouard part à St Tropez pour faire le pont du 8 mai c'est pas un problème.
Un élève exclu 1 semaine on est sur une sanction assez haute. La prochaine étape il se fait virer définitivement. C'est pas vraiment la même chose qu'un pont.
Je pense que la scolarité est obligatoire jusqu'à 16 ans, donc avant pas d'exclusion définitive sans point de chute ailleurs ? Mais après 16 ans... Mais si un élève pose de gros problèmes pour ses profs et pour sa classe, quelle autre solution que de l'écarter ?

Je ne comprends pas bien le rapport entre l'école et le climat... Le climat est pour tous les pays mais l'effondrement de l'école est une (mauvaise) spécificité française.
La chute de l'école est voulue par le pouvoir depuis des dizaines d'années : il est plus facile de diriger et de manipuler un peuple de décérébrés que des prix Nobel...

Ça devient vraiment le topic de considérations cnews. On y mélange tout (difficultés scolaires, parents bourges, disciplines, programne, réseaux sociaux, scores nationaux dans les grandes enquêtes, etc.) on saupoudre de sa vague expérience personnelle et de ficelles et d'amalgames, et on tire de grandes généralités déclinistes.
Le vrai problème ce n'est pas les jeunes (qui n'ont plus le respect), les parents (qui n'éduquent pas), les profs (on les avait oubliés: de sacrés glandeurs ceux-là), non le problème c'est que tout le monde commence à penser comme l'extrême-droite.

Heureusement qu'on a un vrai témoignage un peu sensé.


Sinon je reprends juste ça pour te dire qu'un truc que tu ne peux pas vraiment mesurer Phaco, c'est qu'on scolarise beaucoup plus et beaucoup plus longtemps qu'avant. La question dans le fond, c'est de savoir si on veut apporter au plus grand nombre une formation la plus solide possible (en fait il y a un intérêt économique national à cela mais c'est un autre problème), ou si on préfère une école qui forme très bien les privilégiés et laisse les autres se démerder. C'est une question de société qu'on avait tranché dans les décennies passées et qui est remise en cause aujourd'hui.

Si on déscolarise les débiles et les cas sociaux, ça semble tout de suite plus simple, un peu comme si on dit qu'on va mettre tous les migrants illégaux dans des charters...

Il faut faire gaffe à certaines idées qui semblent remonter en ce moment.

Le collège des années 80 c'était mieux ? Je sais pas. Quand tu vois gicler tous les élèves en difficulté dès la 5e pour aller en LEP, que tu te retrouves seul à partir en 2e générale à la fin de la 3e... Les coups de pieds au cul, les cahiers jetés dans la classe, les insultes (débile, crétin, dégénéré). Le principal qui traite une camarade de traînée, le surgé qui distribue les heures de colle collective sans faire aucun effort de discernement. J'ai pas eu l'impression que l'objectif c'était de former des citoyens au top, mais bon "c'était mieux".

Dès leur première rentrée scolaire, les enfants semblent fatigués, ils tiennent quelques minutes d'attention et relâchent un effort qui leur paraît épuisant! Comment expliquer ce problème dû, peut être à un manque de sommeil suite à une soirée TV ou autre raison comme un club de sport ou de loisir par exemple, un manque de motivation, des difficultés de lecture et parfois d'écriture, chacun d'entre eux en connaît la ou les raisons. Seuls quelques élèves émergent du lot et collectionnent les bonnes notes bien souvent dans toutes les matières.

Les enseignants s'investissent beaucoup pour dynamiser le groupe, mais leurs efforts restent vains, à tel point qu'ils envisagent de changer de métier!

Chaque année, le niveau baisse nettement, et notre pays qui occupait les premières places, en Europe, se retrouve maintenant en queue de peloton! Et pour finir ce constat navrant, les professeurs commencent à manquer, leur profession ne suscite plus les vocations!

Je suis d'accord avec toi sur le fond, mais les stats de l'EN montrent toutefois que le nombre d'élèves scolarisés dans les filières générales jusqu'en Terminale est stable depuis le début des années 90. Ce que tu dis s'applique plus à l'école de nos parents qu'à la nôtre.

Effectivement , je suis mal placé , étant un ex professeur ( à la retraite !) ; ton avis d'auditeur de radio et de lecteur " la voix de l'ain" te donne une véritable légitimité , CQFD .