, tu m'obliges à te balancer des poncifs, que j'avais déjà dit sur le premier topic
Born to run a écrit :
Je (re)bondis quand certains, se revendiquant fièrement de gauche, transpire cet état béat, condescendant et moralisateur d’être du côté des gentils.
Faisant culpabiliser les « électeurs de gauche » en passe de sombrer du « côté obscur de La Force » en votant Bayrou, ou, pire, Sarko.
Bien sûr, on pourrait retourner le compliment aux électeurs de droite qui se situent systématiquement du côté de réalistes et donc du côté des intellectuels.
Grotesque…
Cette fierté des gens de gauche d’être du côté du bien…Bah oui, c’est bien connu, le cœur est à gauche !
Cette condescendance des gens de droite d’être du côté des réalistes…Eh oui, tout le monde le sait, l’intelligence c’est dans le cerveau droit !
Y’en a marre à la fin de ce manichéisme !
Méchants libéraux-capitaliste-patrons-à la solde du grand capital…
…contre gentils prolo-irresponsables-fainéants-syndicalistes-assistés
Toujours la même rengaine…Z’en avez pas marre à la fin ? Moi, si. Et très beaucoup, même.
Je voudrais bien vous épargner le couplet sur « il faut déplacer les clivages politiques », sur le fait qu’il y a des gens très bien à gauche, au centre et à droite, mais je m’y sens obligé.
La désillusion d’une partie de l’électorat de gauche, se fait essentiellement à l’encontre de ceux qui sont censés la représenter.
D’autres nous accusent de retourner notre cuti, d’abandonner le bateau, de lâcher ceux qui se sont battus pour les congés payés, la Sécu, le RMI, les allocations, les retraites…
Attention, je préviens que je vais tenir un discours qui va en choquer plus d’un, puisqu’il ressemble drôlement à un discours libéral, bien de droite. Mais j’assume.
Les acquis sociaux. Et le fameux « on ne touche pas aux acquis sociaux », qui va avec.
Il y a bien longtemps, dans galaxie très lointaine…
De valeureux guerriers se sont battus pour de nobles causes, pour une société plus juste.
Et ils ont obtenu chèrement gain de cause pour que leurs enfants en profitent.
Pour nous, leurs enfants, nés avec la Sécu, l’école égalitaire ( ?) gratuite, l’assurance chômage, le RMI, les allocations, les retraites… quoi de plus naturel que de ce battre pour les conserver ?
C’est là, que je pense qu’on se goure d’époque et de combat.
Les temps ont changé et ça saute aux yeux de tous. La mondialisation, le chômage, la croissance faible, l’allongement de la durée de vie qui augmenta de façon dramatique le ratio retraités/travailleurs (pensions/cotisants)…
Tous ça, ça ébranle terriblement notre système si beau et si juste. Et ceux sont nos voisins qui nous le disent, parce eux, ils ont aménagés le leur.
La plupart des acquis sociaux ont été acquis à une époque économique bénie, où plein-emploi (voire pénurie de main d’œuvre et donc appel ç l’immigration) et croissance (à 2 chiffres parfois !) étaient naturels. Tout était à (re)bâtir. Tout était porteur d’espoir.
Bien sûr qu’on voudrait tous garder tous ces acquis sociaux. Bien sûr qu’on voudrait tous un alignement par le haut.
Faut aussi être sérieux 2 minutes. Comment qu’on fait pour payer tout ça ?
On fait marcher la planche à billet ? On peut même pas, elle n’est pas à nous.
Si un acquis social, même le plus bon qui soit, met en danger économique toute la société, nous avons le devoir moral d’accepter sa remise en cause.
Le plus frappant pour moi étant les régimes spéciaux.
Je suis bien placé pour en parler, je suis le fruit de 2 fonctionnaires, et 2 de ma fratrie ont repris le flambeau.
Mon père, après une belle carrière dans les RG a pris sa retraite à (tenez-vous bien) à peine 51 ans.
Grâce à un régime spécial de retraite avantageux ajoutée à un jeu subtil d’annuités doubles passées en Outre-Mer, il aura travaillé, en tout et pour tout, un peu plus de 31 ans.
Le père de ma femme, lui, est artisan plombier-électricien-chauffagiste. Il a commencé à bosser à 14 ans comme apprenti et vient d’apprendre il y a peu, que bien qu’il ait fait largement plus ses 40 ans, il devrait bosser jusqu’à 60 ans, en dépit de graves problèmes de dos.
S’il décide d’aller jusqu’au bout, il aura bossé 46 ans. 15 ans de plus que mon père fonctionnaire.
Invoquer la « pénibilité » du travail est une malhonnêteté intellectuelle.
Il y a des travaux éminemment pénibles dans le domaine privé, au même titre que dans le public.
Alors de quel droit défend-on ces acquis sociaux là ?
Parce qu’ils devraient être la norme ?
OK. Dans un monde parfait, on devrait tous se battre pour que seul subsiste le cas de mon père.
On n’est pas dans un monde parfait. La France ne créé pas assez de richesses pour offrir des « régimes spéciaux » à tous ses citoyens.
Pire, le nombre de bénéficiaires de ces régimes est tellement important, qu’il remet en cause tout le système des retraites. Il n’y a pas de miracle, un actif ne peut pas financer 2 retraites.
Un peu de réalisme économique.
Une génération aurait pu (du ?) anticiper. Celles qui a conquis les acquis sociaux justement.
Elle en avait le moyen, le ratio retraités/actifs était à l’inverse de celui de maintenant.
Maintenant, c’est à nous de d’être responsables.
Je suis de ceux qui pensent que des acquis sociaux peuvent devenir injustes :
Parce qu’ils ont été fixés en contrepartie à une époque où la pénibilité du travail l’exigeait, mais l’évolution positive des conditions de travail ne justifie plus leur maintien.
Parce qu’ils ne bénéficient qu’à des catégories bien particulière de personnes.
Parce que leur maintien mais en péril économique tout le système en place.
Le problème des retraites n’est toujours pas résolu en France, là où la plupart de nos voisins européens ont bien avancés, sans que la rue les en empêche.
Je pense qu’il faut s’attaquer d’urgence à ces régimes spéciaux qui sont un anachronisme flagrant et une profonde injustice pour tous les gens du privé à qui ont dit qu’une année travaillée pour eux vaut moins qu’une année travaillée par un fonctionnaire.
Je pense que la gauche n’en a pas le courage, et que de part son électorat traditionnel, elle n’en a pas les moyens.
Je vais m’attarder, même si mon discours risque d’être long et pompeux, mais encore une fois, on doit bien sentir que si on assiste à ce basculement d’une partie de l’électorat de gauche vers la droite c’est aussi parce que l’offre est en inadéquation avec la demande.
Pour ceux qui ont reçu les professions de foi, c’est quelque chose celle de Ségolène.
Un post-it, un mémo, un catalogue.
Depuis le début de la campagne, on assiste à un grand déballage de grandes formules bien trouvées, de grandes phrases toutes faites et vides de sens, des private-jokes entendues…
Et des « faut qu’on » et des « y’a qu’à » à n’en plus finir…
Sur le comment on applique toute cette somme de bonnes idées, bah pas grand-chose.
Le problème c’est qu’on ne peut pas voter que sur des idées.
Sinon, on voterait tous extrême gauche ou écolo.
On ne vit pas dans un monde parfait.
Il faut arrêter de penser que L’Elysée et Matignon ont tout pouvoir sur la nation. La marge de manœuvre des politiques est mince, très mince.
C’est à gauche, à l’extrême gauche que les idées sont les plus belles.
Mais on ne vit pas à Disneyland, et ce n’est pas parce que une idée est belle et juste, qu’elle n’est pas pour autant dangereuse.
A ce titre, les programmes et les professions de foi des candidats d’extrême gauche me font sourire. Sourire jaune foncé tirant au rouge, en fait. Bien sûr qu’ils ont raison sur le fond, bien sûr que leurs combats sont justes et nobles.
Mais ces gens-là, au-delà du fait qu’ils n’ont jamais dirigés quoi que se soit, sont essentiellement des forces d’opposition. Quand ils passent de l’autre côté, c’est là que ça se gâte en général. Leurs propositions sont soient totalement inapplicables, farfelues ou ridicules, quand elles n’agressent pas tout simplement l’intelligence.
Attention, il est important qu’ils soient (bien) représentés sur l’échiquier politique, parce qu’ils peuvent permettre, à leur niveau, de donner un coup de barre à gauche, ce sont des contre-pouvoir nécessaires. Mais ce n’est pas à eux que je veux, je peux confier les rennes de la nation.
Faut aussi des pragmatiques. Et là, je trouve que notre « petit Nicolas » est de loin, pour moi, le plus efficace. Je trouve que son projet, notamment d’un point de vue économique, tient bien la route.