bonniwell a écrit :
Je plains tous les gens qui ont une carte intégrale... un des grands marchés de dupe de notre époque qui transforme un art en produit de consommation aveugle.
C'est bien pratique pour s'enfiler les bons bluckbuster, mais ceux-ci (les bons) sont assez minoritaires en regard de tous les projets ineptes ou insensés dont les grands distributeurs nous abreuvent.
Le problème c'est qu'une fois qu'on a la carte, plutôt que d'aller aussi parfois visionner les bons films dans les cinémas normaux, on reprend tel le bétail le chemin habituel pour aller brouter le regard vide devant la bouse d'un autre.
Personnellement j'ai eu l'équivalent d'une carte illimitée (et vraiment gratuite) lorsque j'étais à Louis Lumière puisque le mardi on accédait gratuitement aux UGC. Donc je sais de quoi je parle: enchainer 4 films dans la journée aux Halles (avec McDo au milieu), même les meilleurs mardi où 2 sur les 4 sont corrects, ça laisse un goût bizarre dans la bouche et un grand vide dans la cervelle... mais pourtant ça rend addict comme toutes ces choses creuses, factices et flatteuses qu'on nous donne à ingérer...
Heureusement on avait aussi une gratuité (tous les jours) dans le réseau des cinémas d'arts et essai Parisiens et quelques autres qui ne sont pas dans le réseau: outre la meilleure qualité du cinéma qu'on y trouvait, on passait la journée dans un endroit plus humain, entouré de troquets avec des jolies Parisiennes... on se sentait comme des hommes et non comme des vaches à traire.
J'ai commencé à écumer les cinés d'art et essai dès la fin des années 80, et à l'époque certaines salles étaient folkoriques avec les sièges défoncés, les odeurs venant du chiotte, les genoux écrasés sur le siège du devant et le dos perforé par le genou du mec de derrière; l'enceinte du coté qui gratte et la pellicule qui foire au moment du changement de bobine.
Bien que ceci reste l'image caricaturale des cinés d'art et essai, cette époque est bel et bien révolue: ces salles indépendantes se sont ré-équipées au niveau technique comme ergonomie, et depuis elles n'ont plus rien à se reprocher.
Les salles des théâtres de banlieue sont encore mieux car plus spacieuses (avec souvent des écrans aussi grands que celui des UGC hors "grande salle"), compilant une programmation indé avec celle des grands circuits (mais en décalé), pour 3 à 6 euros la place. Rien qu'autour de chez moi (rayon de 5km) j'ai repéré 3 théâtres qui font ciné en offrant un grand confort d'assise et une restitution audiovisuelle remarquable.
Ce sont également des lieux d'échange avec des festivals de courts-métrages, des projections/gouters pour les enfants, des projections avec handicapés mentaux précédés d'une sensibilisation du public à l'intégration de leur réactions (beaucoup plus spontanées et désinhibées que les nôtres)... des espaces citoyens de liberté.
Donc oui, je plains les personnes qui sont tombés dans l'addiction des cartes illimitées.. le cinéma vivant ça existe encore, il suffit de chercher et ça en vaut la peine.
quel prejugé aberrant... la carte illimité m'offre l'acces a des films que, je suis sur tu n'as meme pas vu a l'affiche... non ca ne sert pas que pour les blockbuster, au contraire... j'ai decouvert grace a ca des films independants (et de nationalité pas toujours bien en vu au cinema...oui l'iran fait aussi des films), des documentaires incroyables mais aussi de voir des films sur grand ecran sorti avant ma naissance (le concept d'il etait une fois)
voila, tu peux me plaindre tant que tu veux, mais dans tous les cas ma culture cinematographique est grandie grace a cette carte au prix plutot faible
dans le cinema c'est : "si tu aime pas Godard et que tu as pas vu 14 fois sa filmo tu n'est pas cinephile,parceque le cinema c'etait mieux avant"
dire ca c'est avoir une enorme lacune culturelle des 30 dernieres annees (je le repete, y a pas que les USA et la France qui font des films dans le monde)