Biosmog a écrit :
OldGun a écrit :
Je suis ravi d'être à l'origine d'une belle amitié !
A part l'argument Ad Personam sur ma bêtise, tu peux sourcer un extrait d'historien qualifiant Napoléon de sous-merde ?
Ce sera difficile parce que le rôle de l'historien sérieux n'est pas de juger un personnage historique, mais éventuellement de comprendre son influence (qui est réelle mais pas aussi grande qu'ont l'a faite dans le cas de Napoléon) mais surtout, en premier, de décrire la façon dont la figure est médiatisée, célébrée, instrumentalisée (et sur ce point, c'est un des personnages les plus "parlé" de l'histoire de France).
Par contre oui, le coût humain exhorbitant, la régression du statut de la femme, de la démocratie et des droits des minorités, pendant l'époque napoléonienne, sont clairement documentés. De même que tous les apports institutionnels.
Ci-dessous, les propos de Jean Tulard sur ces points :
Trois grands reproches sont faits à Napoléon, auxquels on peut répondre en les replaçant dans le contexte de l’époque. L’esclavage, dans les années 1800, existe partout. Lorsque Napoléon le rétablit, il ne choque à peu près personne en France, ni en Europe. Lorsque se développe une légende noire contre lui, à sa chute, en 1814, personne ne cite cette mesure ! Ce rétablissement de l’esclavage obéissait, pour les gens de l’époque, à une logique économique : il s’agissait de faire repartir les productions des îles et, au fond, l’opinion se moquait éperdument du sort des esclaves. L’essentiel, c’était d’avoir le sucre ! Précisons aussi que George Washington avait des esclaves, que les Anglais nous ont rendu la Martinique sans avoir aboli l’esclavage ou que la Révolution ne l’avait aboli qu’en 1794 quand ils ne pouvaient plus faire autrement, soit cinq ans après la déclaration des droits de l’Homme… Donc, c’est une faute morale, bien sûr, mais qui s’explique dans le contexte de l’époque. D’ailleurs l’esclavage dans nos colonies de l’époque n’a pas duré longtemps puisqu’il est rétabli en 1802 et qu’elles sont perdues dès 1809, sans conséquences durables, sauf à la Guadeloupe et surtout, avec une guerre civile atroce, à Saint-Domingue.
Ensuite, il y a la condition de la femme. Indiscutablement, le code civil réduit la femme à une situation inférieure à celle de l’homme en la plaçant sous sa tutelle. Mais, là encore, remettons-nous dans le contexte. Certains veulent bien célébrer la Révolution française mais pas Napoléon… Mais, sous la Révolution, Olympe de Gouges, la fondatrice du féminisme, est guillotinée par Robespierre et le Comité de salut public ! Et vous avez des propos de révolutionnaires qui expliquent que les femmes ne doivent s’occuper que de leur tricot et surtout pas de politique. Si l’on veut refuser de célébrer Napoléon, il faut donc en faire autant pour 1789…
Quant au troisième reproche adressé, c’est la guerre. Mais ce n’est pas lui qui la déclare, ce sont les puissances européennes ! Pour Austerlitz, en 1805, c’est l’Autriche et la troisième coalition contre la France, ce qui montre bien d’ailleurs que les guerres napoléoniennes sont la continuation des guerres de la Révolution. Pour Iéna, en 1806, c’est la Prusse. Pour Wagram, en 1809, c’est de nouveau l’Autriche. Reste la campagne de Russie, mais qui s’explique parce que, dès 1811, l’armée russe avait menacé les frontières du Grand-duché de Varsovie, car les Russes craignaient que les Français ne rétablissent la Pologne. Donc, là encore, Napoléon a un prétexte en 1812. La seule erreur, et là, c’est la faute qui explique la chute de Napoléon, c’est l’affaire d’Espagne. Là, il est l’agresseur. C’est son aveuglement, son hubris…
L'Ukraine sera-t-elle la guerre d'Espagne de Poutine ? Wait and see ...