Captivé par l'opus d'Aina, il m'a fallu un moment pour me plonger dans l'album beaucoup plus concis de Pedro: Gojitsu Aratamete Ukagaimasu (soit: "Je reviendrai plus tard" ... c'est-y-pas mignon?)
Là aussi, il est maintenant l'oeuvre intégrale d'Ayuni à l'écriture et la composition, et il n'a pas à rougir face aux deux albums précédent, refermant en beauté une trilogie météorique. Il montre aussi une Ayuni ayant terminé (?) sa mue vocale, depuis les piaillements punky parfois approximatifs des débuts jusqu'à la voix plus assurée, mieux timbrée et variée actuelle.
On peut le décrire ainsi: d'abord trois hits pop-rock typiquement Pedro, assez irrésistibles dans le genre même si peu à peu une formule s'instaurait (tous les trois sortis en single je pense). Ensuite un quatrième morceau différent, Bukitcho, un de mes favoris de l'album, plus recherché. Les deux titres suivants sont un peu le ventre mou de l'album, sympas sans plus.
Ensuite, arrive le Pedro rock voire punk - d'abord l'excellent mais imprononçable Isso Boku no Shiranai Sekai no Michibata de no Tare Shinde Kudasai ("mourir au bord de la route d'un pays que je ne connais pas" ... typique Ayuni!): porté par un rif rock énorme et imparable. Ensuite, le bien punk (démarrant d'ailleurs par la basse saturée d'Ayuni) Banbanzai: Pedro à son meilleur rock, un titre que je voudrais voir sur scène.
Les deux derniers titres sont contrastés: Obaka Ne (t'es tellement stupide) revient un peu au début de l'album, un morceau rock pop typique de Pedro, et de nouveau très bon. Mais le dixième et dernier morceau (Yuki No Machi - Ville De Neige) ... Ayuni a écouté Hitsujibungaku, c'est pas possible autrement, car on est vraiment dans ce genre de ballade pesante alt-rock et même Hisako se prend pour Moeka à la guitare gémissante noyée dans la reverb. Mais loin du pastiche, c'est un superbe moment qui est idéal pour clôturer un album, une période, peut-être une aventure: touchant, prenant, mais pas funèbre du tout, une célébration plutôt.
L'album se termine comme, un peu prétentieusement, je l'aurais imaginé si j'avais été producteur: dans les derniers rugissements de la guitare torturée d'Hisako, se perdant dans les échos d'un avenir incertain.
Si jamais Pedro ne devait jamais revenir, ces trois albums en trois ans resteraient le Polaroid d'une jeune artiste qui se découvre probablement au-delà de ce qu'elle pouvait imaginer, soutenue avec un dévouement sans faille par une mentor-sensei admirable (... et un super chouette batteur que j'oublie toujours de mentionner alors qu'il est aussi essentiel).
In rod we truss.
"Quelle opulence" - themidnighter
"It's sink or swim - shut up!"