- #288
- Publié par
lemg le 02 Fév 2005, 16:07
Tiens, cadeau :
LED ZEPPELIN "Physical Graffiti"
(Swan Song - Atlantic - Dist. WEA Filipacchi)
Custard pie ; The rover ; In my time of dying ; Houses of the holy ; Trampled underfoot ; Kashmir ; In the light ; Bron y'aur ; Down by the seaside ; Ten years gone ; Night Flight ; Wartan Song ; Boogie with stew ; Black country woman ; Sick again.
Allright. Un double Led Zeppelin. Une connection impromptue m'a permis de vous en parler avant sa sortie officielle, ce qui - bizarrement -, excita la jalouserie et la mesquinerie de certains, comme s'il était crucial de parler d'un album avant les autres...
OK. Led Zep... un groupe qui a la particularité de me poser un sérieux problème. Les plus accomplis parmi les techniciens du heavy metal, les doyens de la transe à haut voltage ne sont malheureusement que ça. Comme un cauchemar : la plus efficace des armes mais pas d'objectif, la plus belle des machines à écrire pour un analphabète ! On se prend à rêver que Page, Jones, Plant et Bonham soient autre chose que de forts habiles artisans, que sur ce hard-rock affolant d'efficacité et de puissance se voit plaqué un signifiant, un "objet". La violence de l'ancien Led Zep gênait d'ailleurs par son artificialité. Un exercice de style à l'anglaise ; quatre gentils jeunes gens s'essayant à l'électricité, faisant dans le killer comme d'autres oeuvrent dans le rétro...
Ne sortons pas les fantômes du M.C. 5 ou des Stooges dont l'energy était, elle, plus que motivée et talk about Led Zep. Un grand retour donc : shows et un album - il me faut l'avouer - absolument somptueux.
On était resté sur l'imbuvable "Houses of the holy". Un exercice de "progressive hard-rock" voué autant à l'échec par la débilité des textes néo-ésotériques que par ce ratage total dans l'emploi de formules inhabituelles. "Physical Graffiti" est tout le contraire : l'élaboration-diversification des moyens est parfaitement réussie ; un exercice de synthèse sans faille qui - c'est ainsi - ne manque pas d'évoquer le cult (purement musicalement, s'entend...).
Comme dans un album des Stones, les rocks les plus directs voisinent ces morceaux à la croisée de plusieurs influences qui ne fonctionnent réellement qu'après écoutes répétées. Il est d'ailleurs désormais fort rare que Led Zep tranche véritablement ses compositions, préférant (un de leurs écueils, d'ailleurs) proposer plusieurs séquences différentes au sein du même titre.
Led Zeppelin - bien évidemment - ne sont pas des rock n' rollers. C'est ainsi : pour eux la technique prime souvent l'énergie et celle-ci n'est finalement que la résultante de recettes habiles parfaitement maîtrisées, merveilleusement utilisées. "Physical Graffiti" est un album excitant mais frustrant puisque aucune âme ne transparaît (le plus metallique-glacial des heavy-metal bands transporte au moins une densité : fusse-t-elle celle du néant. See what I mean?)
"Custard Pie", "The Rover", "Trampled Underfoot" : des morceaux dans la lignée des rocks "à la Led Zep" tels que "Immigrant Song" ou "Good Times Bad Times". En plus sophistiqués bien-sûr : Page use et abuse des re-recordings, les utilisant cependant de la façon la plus efficace qu'il soit. L'apport des instruments hétéroclites recouvre d'ailleurs les mêmes motivations et ne choque jamais : une leçon d'efficience. It's allright... Il apparaît d'ailleurs comme de plus en plus évident que cela "tient" par la batterie de Bonham (l'épitome de la lourdeur et du beat : je hais ce type. Jouer si bien et être si immonde. Une honte !) comme Roxy ne serait qu'un petit groupe de progressive-rock sans la présence de Paul Thompson. Un problème définitivement que ce band : ainsi Robert Plant, son allure de campagnard anglais sous-développé (qu'il partage avec Daltrey) et sa voix trop excitante pour être vraie...
Les textes - dans leur grande majorité - reprennent les obsessions pseudo-ésotériques du gang dénotant une naïveté et une méconnaissance pathétique. Ainsi "Kashmir". Mais n'écoutez pas les paroles et dansez... Espérons cependant qu'elles ne seront pas inscrites sur la pochette !
Les morceaux sans définition bien établie, à la croisée de sources différentes qui ne "tiennent" sur le disque que par la vertu d'un mixage absolument exceptionnel (intensité aussi égale d'un clavinet et d'une guitare électrique, par exemple) séduisent fort, ce qui était loin d'être le cas dans le précédent. C'est que l'hétéroclisme est là une arme et non un gadget. La synthèse parfaite des recettes-gimmicks de Led Zep, que cela soit le mellotron ou les claviers médiévaux de Jones, le mysticisme ou les climats "angoissant" affectionnés par le groupe, les guitares sèches de Page (jouant souvent la rythmique derrière des électriques), le vibrato de Plant. Ainsi "Ten years gone". Certains morceaux, par ailleurs, permettent au groupe de sortir des clichés peut-être volontairement parodiques comme le bluesy "Black country woman" où Plant ressort toutes les intonations traditionnelles, les outrant à l'excès.
Le meilleur album, donc, que pouvait sortir Led Zep avec les moyens dont il dispose. Des moyens qui ne sont autres qu'une totale compréhension de l'alchimie rock n' rollienne. Page est ce genre de type qui sait parfaitement ce qu'il faut faire à chaque moment. On peut préférer au tranquille professeur les flashés-sonic, les killers titubants. Le Marcel Dadi du rock n' roll, quoi... Et permettez-mois de citer après Nathalie Stoogerling : "Who want to be the best guitarist when you can be the most killer." It's O.K., Page is the best...
Docteur, j'ai un problème : je hais les types, j'adore leur musique... un aveu maintenant : je n'avais aucune envie de vous parler de Led Zep mais "on" m'a dit : "Tu l'as entendu? C'est pas vrai? Tu aimes?" - "Ben oui... Mais fais-le ! Faut le faire !" C'est ainsi que Best a eu ma petite chronique à la "Kiss-me-quick" ! Et on connaît même la pochette : elle est d'ailleurs loupée.
Bon, on parle d'autre chose?
Patrick Eudeline.