liolio a écrit :
j'ai discuté hier avec un ami, voilà nos point de concensus.
1, pour les etudiants en fin d'etude et en recherche de 1er travail.
C'est pour eux qu la loi est la plus juste, la mesure laisse une souplesse a l'employeur et si leur travail est bon ils seront gardés au sein de l'entreprise, le rapport travail effectif/temps de formation au regard de la periode d'essai n'est pas si disproportioné.
Je pense sincèrement que c'est au départ dans cette optique que le CPE a été créé.
Citation:
2 pour les etudiants qui travaillent pendant leurs etudes, les non qualifiés, la nouvelle n'est pas bonne le cpe a de bonne chance de remplacer tous les cdd (la souplesse foirnie au entreprise va dans ce sens).
Donc le vrai probleme est l'impossibilité de prevoir son futur a moyen ou court terme, le probleme est tres genant au regard de l'attitude actuelle des bailleurs (entre autres).
...et des banquiers, ces gens qui te prêtent un parapluie quand il fait beau et te le reprennent dès qu'il se met à pleuvoir.
Mais là, ce à quoi on se heurte, c'est une spécificité française. Le vrai problème, c'est que, à tous les niveaux, l'emploi "normal" est un CDI, et dans une large mesure un emploi à vie, partant du principe que, lorsqu'on entre dans une entreprise, il "faut" y rester toute sa vie. En ce sens, les mentalités n'ont hélas que peu évolué depuis les années 70 et la fin des 30 Glorieuses.
Tant que le fait qu'on puisse changer d'emploi, de région, de logement et que sais-je encore plusieurs fois dans sa vie, et que l'emploi à vie est devenu un privilège et plus un droit, ne seront pas rentrés dans les moeurs, le CDD et l'intérim, tout autant que des contrats comme le CPE ou le CNE, resteront des situations "anormales "et forcément suspectes, alors que, dans le même temps, les cycles économiques devenant de plus en plus courts, les marchés plus interconnectés, la concurrence internationale de plus en plus rude, pour les entreprises, il n'existe plus aucune certitude à long terme sur leur avenir.
Enfin bon, là, c'est tout un paradigme français qu'il faudrait faire éclater.
Et je pense sincèrement que c'est indispensable pour remettre le pays sur les rails.
(NB: ça peut tout à fait se faire sans pour autant abandonner toute ambition de politique sociale et de protection des salariés, les exemples de flex-sécurité nordiques ou celui du Québec le démontrent)
Citation:
Je trouve le terme profiter de la loi impropre pour une entreprise, l'entreprise a des choix raisonnés à faire et doit savoir prendre en compte le facteur risque, a cet egard le cpe a encore une fois pas mal de chance de remplacer pas mal de contrat (cdd et dans uns certaine mesure cdi).
choisir une personne en cpe plutot qu'en cdd, c'est pas profiter. Exemple : l'entreprise a bessoin d'une personne pour environ 3mois, pour etre sure elle prend un cdd de 4 mois ou un cpe?
Utiliser le CPE dans ce sens serait à mon sens un abus, dans la mesure où l'objet du CPE est, sur le papier tout du moins, un contrat à durée indéterminée assorti d'une période d'essai plus grande, et en aucun cas un contrat à durée déterminée. Il n'a donc théoriquement pas vocation à remplacer l'intérim et le CDD.
Mais j'attends de voir la jurisprudence qui se construira là-dessus, dans la mesure où c'est plus elle qui aura pour mission de repréciser et d'encadrer l'utilisation du contrat, ce qui à mon sens nettement préférable à une loi trop directive, donc forcément inadaptée à tout un cas de situations spécifiques (comme l'a démontré l'expérience de la loi Aubry).
Citation:
Le vrai probleme, reste le cpe a peu ou pas de chance d'ameliorer la situation globale du marché du travail.
Il ne faut pas assimiler flexibilité et precarité, la precarité vient de la situation lamentable de notre marché de l'emploi.
Oui clairement, ce n'est pas le CPE en lui-même qui va résorber le chomage (j'ose espérer que personne ne se fait d'illusions à ce sujet).
Par contre, là ou il peut être positif, c'est pour rééquilibrer le chomage des moins de 25 ans, qui est anormalement élevé chez nous (rapport supérieur à 2 pour 1 par rapport au taux de chomage global), puisque, rien que par les incitations fiscales qui l'accompagnent. Et encore une fois, ayant 30 ans, je suis plutôt du mauvais côté de la barrière, de ce point de vue-là, donc je ne prèche pas franchement pour ma paroisse...
Citation:
Apres, il n'est nul besoin d'etre angelique ou de diaboliser les entreprise, cela dit certains grand liberaux du topic devrait se rappeler qu'il y a 3/4 ans la "mode" etait de pointer du doigt l'appropriation de l'economie par divers fonds de pensions et organismes financiers. La politique de forte redistribution de dividendes à l'actionnariat n'est en aucun cas justifiable par le liberalisme qui pronne croissance et libre echange (l'argent va pas a la RD ou encore au travailleurs permettant la croissance du marché).
Donc il ne faut pas oublier que l'actionnariat actuel favorise souvent des politiques de court terme pour maximiser les dividendes.
Oui et non.
Oui parce que, clairement, la gestion ayant en seul point de mire la rentabilité à court terme et la distribution de dividendes est, je te l'accorde volontiers, une aberration
Non, parce que comment expliquer dans ce cas que, dans des pays comme le Canada et les Etats-Unis, la part du PIB consacrée à la R&D soit plus de 2 fois supérieure à celle de la France, alors même que le mode de gestion des entreprises et le fonctionnement global de l'économie soit nettement moins régulé que chez nous ? Si on se place uniquement dans l'optique que tu décris, c'est totalement paradoxal. De la même façon, la notion de prime de résultats et de participation aux bénéfices y est autrement plus répandue que chez nous, ce qui est tout aussi paradoxal si on considère que les relations du travail y sont beaucoup moins encadrées qu'en France.
En fait le truc à mon sens, c'est que, du fait de la fiscalité, mais aussi d'une historique frilosité des épargnants français vis-à-vis des marchés financiers, une part non négligeable des capitaux qui ont servi à financer les grands groupes français (puisque c'est bien l'objet des marchés financiers) sont venus de l'étranger, et notamment des fonds de pension, ce qui a conduit à un déplacement du centre décisionnel vers l'extérieur de nos frontières (dur à formuler de façon compréhensible, comme concept, sans entrer dans du vocabulaire très technique).
Celà, en conjonction avec un mode de formation et de recrutement des élites et des instances dirigeantes des grands groupes français (le management participatif et la gestion de la motivation ne sont pas au programme de Polytechnique
) qui n'aide pas non plus à avoir des dirigeants sensibilisés à ce type de chose, a aboutit à une spécificité française, aggravée par une culture du conflit social, et pas une culture de la négociation (par opposition à ce qui se passe en Allemagne par exemple), et ce d'autant plus que les esprits restent encore une fois marquée par la traditionnelle opposition entre droite monarchiste et gauche révolutionnaire post-marxiste.
On en revient là à l'idée que je développais plus haut du paradigme français.
Donc encore une fois, ce n'est pas forcément le système en lui-même qui n'est pas bon (ou pas viable), mais juste la façon dont il vient s'entrechoquer avec une spécificité française en termes de législation, de pratiques, mais surtout de mentalités.
Citation:
Faut arreter d'amalgammer la nature de l'actionnariat, les "grands patrons", les entrepreneurs, et de bondir sur tout et n'importe quoi pour denoncer de soi disant communistes...
Oui, enfin ça fonctionne à double sens, hein (cf mon post précédent).
Bon voilà, post fleuve (une fois de plus), mais suffisamment argumenté et nuancé (je l'espère) pour qu'on ne m'acuse pas de verser dans l'ultra-libéralisme outrancier (alors même que je considère que c'est une idéologie largement dépassée, improductive, et potentiellement susceptible de donner a posteriori raison aux conclusions de Marx, mais avec 1 siècle et demi de retard).