talou a écrit :
C'est très français académique, ça de casser (pour le bien de l'élève) comme les profs et les conservatoires mais bon... Je suis habituée je bosse dans une université (pas comme enseignante on nous le fait bien sentir) Les anglo saxons sont plus dans le positif et les encouragements et moins donneur de leçons d'une façon générale lol. Je dis ça gentiement Obelix ne le prend pas mal, c'est une constatation amusée.
Pour avoir enseigné 12 ans en France, et maintenant depuis 4 ans aux US, je suis d'accord pour dire que les méthodes (surtout dans l'enseignement publique) sont différentes, comme par exemple:
- la notation mathématique - .../20 - en France (on a la note qu'on mérite, point !) VS la notation positive - A, B, C ,... - aux US (ou quasiment jamais personne, depuis le primaire jusqu'au doctorat, n'a de "mauvaise note").
- la pédagogie de la récompense aux US, surtout au primaire: tu travailles bien ? voila une récompense - autocollant/petit jouet plastique/etc. -, tu te comportes bien ? idem (ça, ça me sidère ! depuis quand doit-on récompenser une attitude normale ??????)
- discipline plus "laxiste" aux US, on privilégie au maximum le dialogue, la punition n'existe pas (on parle de "conséquence", et pour arriver jusque la, il faut y mettre du sien !)
- l'encouragement permanent
- etc.
Maintenant, comparé a notre système très académique en France, il est vrai que ça ressemble a la panacée, et on voit des taux de réussite aux US (notamment dans les universités) qui flirtent régulièrement avec les 90% et plus.
En fait, c'est loin d’être le monde idéal des Bisounours, car ce système a de sérieux vices:
- Ça crée une énorme frustration face a l’échec (voire un refus complet de celui-ci), tant chez les enfants que chez les jeunes adultes. Face a une situation d’échec, il y a un refus de la réalité. Avoir une "mauvaise note" (genre B- ou C+) est très mal pris, voire refusé !
Le nombre d’étudiants que j'ai pu voir refuser/réclamer leur note auprès du professeur, c'est hallucinant ! on commence même a demander aux élèves de se noter eux-mêmes !
De tous mes amis/connaissances ici, je ne connais
personne qui a échoué a un examen a l’université.
Or ce système peut s’avérer pervers, car il y a des échecs dans la vie, parfois inévitables et/ou imprévus, et la préparation face a ces échecs n'est pas la (le fameux "bienvenue dans la vraie vie").
- Ça crée des élèves assez indépendants/"matures" (en apparence) dans les premiers niveaux (maternelle->lycée), mais a l’université c'est limite une catastrophe dans le sens que la grande majorité est assistée par les professeurs ! j'en connais beaucoup qui appellent leur prof a 21h pour leur demander une explication sur un thème !
A l’université, ils refusent/contestent systématiquement leur notation s'il elle ne leur convient pas (combien de fois ai-je vu cette demande... ?).
La fameuse génération "moi je" (ce système "positif" existe aux US depuis la fin des années 60, auparavant il était bien plus proche de celui en Europe).
- Ça pose de sérieux problèmes en terme de tenue de classe/discipline !
La première fois que vous posez les pieds dans une école primaire (publique), en tant qu’européen vous allez halluciner !
Les "règles de base" (politesse/un minimum de silence/ne pas interrompre/etc.) différent d'une école a une autre, sont parfois inexistantes (il faut laisser l'enfant trouver ses limites ! ah ah ah !).
Dans certains de mes cours, sur 1h, il peut y avoir jusqu’à 15min de perdues a cause de ça (et c'est assez commun).
Réprimander/punir (même oralement, en aucun cas je ne parle de châtiment corporel) est quasi interdit, il faut donc avoir systématiquement recours au dialogue, ce qui marche parfois, et ce qui peut aussi ne pas marcher du tout (il y a des fortes têtes ici aussi !).
Bref, tout ça pour dire que pour avoir vécu les deux, en tant qu’élève et enseignant, il n'y a pas un système parfait par rapport a un autre... mais deux systèmes bien différents avec leurs avantages/inconvénients.
L'encouragement, le "positif, moins donneur de leçon", c'est bien, mais dans une certaine limite... ne pas pointer les "faiblesses", les points a travailler, ne pas souligner/mesurer les erreurs, ne pas poser de limites et même parfois ne pas réprimander, ça peut être très problématique.
My 2 cents