Bon étant pris d'une insomnie je me permet quelques commentaires (sans vouloir faire mon prof)
Hazard, cette intervention est conduite par une force internationale sous mandat de l'ONU: l'OTAN (les "alliés") n'intervient pas.
Comme dit Penmoch, on a évité de préciser un objectif politique (virer Khadafi) car ce serait hors du "cadre" de la politique habituelle de l'ONU (encore que celle-ci prévoit le droit d'ingérence dans ses statuts, son application reste floue), et surtout, comme dit, pour des questions diplomatiques afin de remporter l'adhésion d'un maximum de voies au conseil de sécurité. Mais la guerre est déclarée. Or en guerre, par définition, les belligérants peuvent être amenés à supprimer n'importe-quel ennemi combattant, à commencer par le chef des armées, à savoir le colonel Khadafi. C'est une menace très directe qui pèse sur lui, même si elle ne sera peut-être pas mise à exécution et qu'il lui sera ménagé une échappatoire.
Ne crachons pas dans la soupe: je trouve que pour une fois cette intervention, bien que tardive, se fait non seulement dans le respect du droit international, mais que c'est un bon exemple d'intervention militaire "juste" et les instances internationales ont plutôt bien joué leur rôle.
Qu'on le soutienne ou non par ailleurs, c'est à porter au crédit de Sarkosy qui a joué un rôle certain dans l'affaire (et rattrapé un peu les nombreuses bourdes récentes de la diplomatie française).Je doute qu'il regrette beaucoup la perte de son "ami" Khadafi" (m'est avis qu'il regrette plus d'avoir entretenu un temps cette encombrante amitié): au regard du bénéfice strictement électoral de cette nouvelle stature*, ça valait la peine de risquer quelques contrats, sans doute facilement reconduits auprès du nouveau gouvernement libyen. Je regrette qu'une partie de la gauche, dont le PC, se soit montrée frileuse dans cette occasion. Ils auraient tout eu à gagner, y compris d'un point de vue électoral, à se ranger derrière le président sur ce coup là.
*Sans compter la satisfaction personnelle d'avoir pû, avant la fin d'un mandat qui pourrait bien être unique, exercer à son tour les plus lourdes prérogatives présidentielles en usant de la force militaire, s'assurant ainsi une postérité historique très compatible avec le narcissisme de sa personne, comme celle de nombreux chefs d'états.
On est dans une situation très différente de l'Irak en 2003: en 2003, Saddam ne bombardait pas son peuple. s'il avait commis de nombreuses atrocités dans le passé, la situation au printemps 2003 ne justifiait pas l'intervention immédiate de force militaires terrestres. Les accords passés à la fin de la 1ere guerre du golfe prévoyaient, outre un blocus très contraignant (y compris pour les populations civiles) que les "alliés" (OTAN) se réservaient le droit de procéder à des frappes aériennes sur l'Irak en cas de menace, droit dont avaient déjà usé les américains à plusieurs reprises) .
Les USA ont voulu obtenir un nouveau mandat de l'ONU pour justifier une guerre aux motifs discutables et aux objectifs flous, et engager des forces terrestres d'invasion sur la base de rensignements que tous les services alliés savaient faux (à commencer par les services US eux mêmes), comme cela a été démontré d'ailleurs depuis.
Or la situation en Irak ne justifiait pas une intervention, contrairement à ce que prétendaient les USA: l'"occasion" de se débarrasser de Saddam en toute légalité avec s'était présentée en 1991 et n'avait pas été saisie -à dessein- par les USA alors qu'ils auarient pu (et dû) facilement le faire: ça a occasionné de nombreux massacres de civils en représaille en Irak. Le raisonnement de Chirac a probablement été: "Est-il justifié de risquer la vie de soldats français et de civils irakiens pour apporter un maquillage diplomatique à une guerre Américaine motivée uniquement par des intêrets économiques et politiques internes, par ailleurs discutables, pour ne pas dire crapuleux ?" (et il avait certainement raison) " S'ils veulent faire la guerre juste pour des interets privés, qu'ils se débrouillent seuls. Si Saddam y passe, à la bonne heure, mais ça ne vaut pas le coup"
(Par ailleurs à l'époque les forces françaises étaient engagées dans plusieurs conflits (en côte d'Ivoire...) et des contingences bcp plus matérielles ont pu jouer)
Et non, je ne crois pas que la Lybie possède des avions français (plûtot des anciens avions soviétiques je pense, mais je ne sais pas. Et je doute qu'il soit capable de venir bombarder la France, ni techniquement, ni militairement (parce qu'en plus d'éloigner ses unités aeriennes des opérations, en cas de réussite, par le jeu des alliances, ça provoquerait immédiatement l'engagement de la totalité des forces de l'OTAN contre la Lybie et ça se traduirait concrètement par une violente riposte militaire hautement démonstrative qui conduirait certainement à un effondrement rapide de la totalité de son armée et à son décès à très brève échéance). Par contre une attentat type "Lockerbie" serait plus à sa portée je pense. Et encore: s'il en a le temps... Et ce serait très maladroit, car il jouerait sa dernière carte et se condamnerait certainement lui même (mais bon, il est pas très net, le colonel, je crois...) .
[HS]Je pense que bisrice a surtout un humour très particulier[/]
*: NOBODY EXPECTS THE SPANISH INQUISITION!