Actualité politique / Règles en page 1

Rappel du dernier message de la page précédente :
Depuis la Révolution française, les idées et les possibilités viennent de la gauche. Les Jacobins ont inventé le patriotisme qui, récupéré par la droite, est devenu nationalisme. La gauche a tout inventé, la droite se contente de tirer les marrons du feu.

Sur le plan économique, les idées sur la planification et la rationalité économique ont été lentement et sûrement récupérées par la droite, comme beaucoup d'autres. Pour ça, il faut un centre, car c'est au centre que se fait la jonction, la médiation, le passage. Pour prendre un exemple concret, Raymond Aron était un habile récupérateur des idées de la gauche qu'il transmettait à la droite, laquelle en tire parti y compris du marxisme plus ou moins diffusé et vulgarisé. Le pouvoir de la droite dévore l'effort de la gauche.

D'ailleurs, il n'y a pas que les idées qui viennent de la gauche. Pensez au service des Comptes de la nation, une des bases du pouvoir, une des bases de l'influence du corps des inspecteurs des Finances, une des bases de la semi-planification. Qui l'a mis en place ? Des marxistes !

C'est une découverte des milieux capitalistes les plus intelligents, et pas seulement en France. Ils se procurent à bon marché, et même gratuitement, les idées de la gauche, je dis bien gratuitement puisque c'est ainsi que ça se passe. Et la gauche jubile d'en voir le succès. Rien de plus traître que le succès. Le succès, ça veut dire qu'on entre en connivence avec l'idéologie dominante.
On s'en serait passé du jacobinisme.
An_Mor a écrit :
On s'en serait passé du jacobinisme.

C'est devenu une mode depuis les thèses révisionnistes de François Furet de prétendre que la Révolution française aurait été malencontreusement gâchée par l'existence de révolutionnaires.

Pour en revenir à Aron, je voulais encore dire qu'il n'a jamais eu d'idées à lui, il a juste su cuisiner quelques idées, comme celles de Max Weber, dans le sens d'une idéologie, d'une sociologie libérale, mais c'est un simulacre, le fantôme des bien-pensants, un zombie. C'était un libéral au moment où le libéralisme ne servait plus qu'à des manoeuvres de couverture. Aron restait sur des positons idéologiques favorisées par le fait que le capitalisme se maintenait à travers des péripéties qu'il laissait inexpliquées.
Josh43
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Je suis en train de bloquer sur France 5 (redif de "C dans l'air" avec Calvi.) à propos de Berlusconi et plus particulièrement des relations franco-italiennes. C'est du propre. Elle est belle, l'europe. Même les mafiosos fascitoïdes qui gouvernent l'Italie (enfin ce qu'il en reste) donnent des leçons au gouvernement français en matière d'immigration. C'est dire.
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Yazoo!
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Azazello a écrit :
Yazoo! a écrit :

Point de vue curieux... faut-il citer la loooongue liste de boites encore nationalisées jusque la fin des années 90 qui ont été...privatisées ?

Citation:

Bof pas tant que ça, et l'État est encore actionnaire de plein de grandes entreprises et passe son temps à intervenir dans leur vie.
Deux chiffres pour illustrer le poids inégalé de l'État dans l'économie: dépenses publiques proche de 55% du PIB (record) et environ 22% des emplois français sont dans la fonction publique.

Tu devrais les citer les "pleins de grandes entreprises", ça serait plus convaincant.
Et... je vois pas bien le rapport entre avec le PIB. Ce que tout le monde peut ressentir c'est au contraire l'impuissance grandissante de l'état comme catalyseur de croissance,


L'état a toujours été impuissant de ce coté-là.

Yazoo! a écrit :

Point de vue curieux dans un contexte où, justement, les états sont surendettées jusqu'à la moelle tandis que la sphère privée continue de fabriquer du bon gros profit à tour de bras.


Ben oui vu la taille de la dépense publique évoquée plus haut, le système monétaire arrangeant et le fait que les gouvernants soient incapables de faire un budget équilibré, les états sont surendettés mais personne ne les a forcés,donc heureusement que le secteur privé est capable de générer du profit sinon on serait très mal.

Yazoo! a écrit :

Point de vue curieux quand on voit à quel point la promesse conjuguée de meilleure peformance et de baisse des prix que devait nécessairement entraîner la privatisation de la distribution d'énergie, de flotte, de la distribution de crédit, des télécommunications, des transports aériens, etc... n'a, évidemment, pas été tenue.


Tu mélanges tout avec: des fausses libéralisations (télécommunications) ou des libéralisations qui ont vraiment baissé les prix (Ryan Air par exemple).

Yazoo! a écrit :

Le déficit d'état c'est aussi l'éducation nationale qui part en couille, Bouygues qui doit encore bien rigoler avec sa promesse de mieux disant-culturel, cette farce qu'est devenue le système fiscal français, cette justice ou ces hôpitaux considérés comme de vulgaires "centres de coûts"...


Voilà malgré des dépenses somptuaires et inégalées, l'Etat n'est pas capable d'assurer la qualité des missions dont tu parles, il faudrait donc plus d'État?

Yazoo! a écrit :

Curieux point de vue, vraiment.


Non.[/quote]

Tu es juste fantastique.
(+1 !)
Azazello
chix4free a écrit :

tu préfères te complaire dans la péroraison de nullités intellectuelles comme ce dont tu nous a gratifié un peu plus tôt aujourd'hui, pour rappel ci-dessous :

Azazello a écrit :
Non, ce que l'on constate (ou a constaté) c'est que plus on se rapproche du communisme plus ça se passe mal, et plus on se rapproche du libéralisme mieux c'est.


Ce serait risible si ce n'était pas aussi pathétique


Ah bon, les économies libérales ne fonctionnent pas mieux que les économies communistes?

chix4free a écrit :
Ces messages, tu les éludes, c'est sûr que c'est infiniment plus pratique...


C'était ça le message à valeur intellectuelle ajoutée?:

Citation:

Pour résumer Proust et avec un parti pris non dissimulé, c'était une tarlouze à la santé très précaire qui aimait beaucoup sa maman.


Ah non ça peut-être:

Citation:

Le problème étant que le libéralisme pur et le communisme pur nécessitent tous deux une adhésion absolue à l'utopie qui les sous-tend de l'ensemble de la collectivité sans exception... En clair, tant qu'on aura des emmerdeurs comme Azaz' pour considérer qu'on paie trop d'impôts ou des emmerdeurs comme toi pour considérer que tous les actionnaires sont des salauds, ça ne marchera ni dans un sens, ni dans l'autre...



Ah oui, on renvoie dos à dos le communisme et le libéralisme comme le premier Chirac venu, c'est original. Et puis le problème c'est que les gens ne sont jamais d'accord hein...
Donc le communisme pur nécessite une adhésion absolue à l'utopie qui le sous-tend de l'ensemble de la collectivité sans exception, c'est bien, c'est la thèse qui a justifié toutes les oppressions dans ces régimes, moi je pense que le communisme ne marche pas quelque soit le degré d'adhésion du peuple à ces thèses, Hayek puisque tu le cites l'explique par exemple dans ses travaux sur le calcul économique (à la suite de Mises).
Bref rien de bien passionnant au-delà des insultes.

Citation:
On s'en serait passé du jacobinisme.


Palikao a un poster de Georges Cadoudal dans sa chambre.


@Yazoo!: je veux bien que tu édites ton message, là je ne vois rien.
Josh43
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Azazello a écrit :

Ah oui, on renvoie dos à dos le communisme et le libéralisme comme le premier Chirac venu, c'est original.


C'est pourtant ce que tu viens de faire avec ta remarque "Plus on s'approche du libéralisme mieux c'est, plus on s'approche du communisme moins c'est bien".
Avoue que c'est un peu court. Enfin tu m'avais habitué à mieux, disons... là on dirait du Jadedheart presque.

De toute façon pas la peine de s'énerver: ces questions n'interresent que les intellectuels décadents déconnectés des réalités et les internautes guitaristes désoeuvrés.
*: NOBODY EXPECTS THE SPANISH INQUISITION!
Azazello
Josh43 a écrit :
Azazello a écrit :

Ah oui, on renvoie dos à dos le communisme et le libéralisme comme le premier Chirac venu, c'est original.


C'est pourtant ce que tu viens de faire avec ta remarque "Plus on s'approche du libéralisme mieux c'est, plus on s'approche du communisme moins c'est bien".


Ben non je dis que l'on constate que l'un est mieux que l'autre au niveau des résultats, c'était une réponse à une remarque d'An_Mor il faut suivre un peu le contexte, et c'est un peu court et simpliste oui mais pas faux, au bout d'un moment je fatigue dans ces conversations interminables et sans queue ni tête.
BiZ
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    BiZ
    le
chix4free a écrit :
Un soupçon de deuxième degré et le voilà qui rapplique...

Tss très peu pour moi :p

Azazello a écrit :
Enfin dire que la libéralisation du marché aérien n'a pas fait baisser les prix montre l'étendue de la mauvaise foi des anti-libéraux...

On voit surtout que chacun utilise une partie de la vérité pour arriver à ses fins. Tu ignores royalement les conséquences sociales de ce genre de structures (contrats Irlandais, absence de syndicats, baisse des conditions de travail, augmentation de la fatigue et donc de la performance des équipages, logique de quasi intérim avec des contrats pilote freelance, absence de cotisation sociales dans le pays des bases, donc un gros doigt au contrat social local). D'autre part on parle souvent du modèle low cost américain, mais south west n'a plus RIEN à voir avec ryanair. Ryanair, c'est le libéralisme décomplexé poussé aux limites, avec toutes les conséquences associées.
Et puis il faut arrêter de parler de low cost systématiquement moins cher. Quand tu ajoutes le prix du billet, y compris ceux de dernière minute qui sont très chers, le prix du transport pour aller dans un aéroport reculé, le prix des bagages et autre prestations, du mode de paiement, de la carte d'embarquement éditée sur place, la tolérance 0 sur les bagages cabine et les retards, et (la cerise sur le gâteau) l'abandon total des passagers en cas d'annulation à chaud ou de problème météo, y compris lors d'un déroutement, tu vois que ce n'est pas la panacée. Des modèles comme ça, non merci.
If you think life's a vending machine, where you put in virtue
And you get out happiness, then you're probably gonna be disappointed.

marseillet: ben,oui.j'assume complètement mon status de parasite de la société.
et comme les français ont choisi de faire dans le social,c'est pas demain que je vais prendre le chemin de la boite!!!!!
Yazoo! a écrit :
heureusement que le secteur privé est capable de générer du profit sinon on serait très mal.

Elle est bien bonne.

Sinon pour revenir au thème de l'anti-communisme, nombre de témoignages nous montrent qu'il fut un temps où être communiste était un mode de vie, un temps où le parti communiste était une contre-société. Les communistes français vivaient au sein de la société bourgeoise autrement que ceux qui acceptaient la société bourgeoise. Il existait une véritable fraternité entre militants, fraternité qui ne concernait pas le sommet du parti (fraternité virile qui sera ensuite dévoyée par les fascistes, comme tout ce que la droite vole à la gauche). L'appareil, au sommet, n'était préoccupé que de politique au sens étroit et luttait contre le moindre signe de trotskysme et contre le moindre signe de spontanéisme. A l'affût de toutes les déviations, toujours vigilant, l'appareil se consolidait ainsi pour se confirmer à ses propres yeux et devant la base. Mais parmi les militants, à la base, il n'y avait rien de tel. Il y avait dans le Parti des gens de toutes sortes même des anarchisants et des trotskystes. Donc au début, le communisme est une manière de vivre, un style qui s'orientait vers le grand style. Ce n'est que plus tard qu'apparaît le mythe du communisme, sa mystification. Avec dans le même temps l'apparition d'une autre mystification : l'anticommunisme. Ces deux mythes s'entretennaient l'un l'autre et bouchaient l'horizon.

L'anticommunisme était une mystification politique servant de couverture au fonctionnement du capitalisme. Quant au communisme, il n'a jamais pleinement existé. Le communisme selon Marx ? On sait ce qu'il en dit... Ses conceptions étaient bien plus proches de celles de Bakounine que de celles de Staline. D'ailleurs les "théoriciens" soviétiques renvoyaient le communisme à une date indeterminée. Dans le communisme, bien sûr, concédaient-ils, il n'y a plus d'Etat ; en attendant, nous renforçons l'Etat pour préparer le bond final au cours duquel nous passerons de l'Etat à l'absence d'Etat. Comme si le renforcement stalinien de l'Etat pouvait un beau matin s'effacer, sans révolution, sans discontinuité radicale...

Mais le mouvement communiste a quitté son terrain et s'est installé sur celui de l'adversaire le jour où l'Etat stalinien a pris en charge la croissance économique. Il a servi de modèle non seulement aux divers partis communistes mais aux Etats et aux partis bourgeois. C'est là que le parti communiste cesse d'être une contre-société pour devenir un contre-Etat. Pas en parti destructeur de l'Etat mais en parti candidat à la direction de l'Etat pour relayer la bourgeoisie. La contre-société a échoué, notamment en Allemagne (événements de 1928-1933). Des témoignages nous décrivent cette contre-société dans laquelle vivent des camarades ayant les uns pour les autres des sentiments de fraternité, de solidarité étroite, d'affection réciproque et profonde dans la lutte. Cette contre-société communiste échoue avec le fascisme et le stalinisme (cf. également la Révolution espagnole et le témoignage d'Orwell).
La façon d'être qui a disparu comportait une critique et un dépassement du politique comme tel. Cette façon d'être ne se vouait pas à l'activité politique en tant qu'activité spécialisée.

Il fallut beaucoup de temps pour que les militants communistes, à la base, s'intéresssent à la croissance économique en URSS, au nombre de tonnes de blé et d'acier produites, à la croissance come critère du socialisme. Ce n'était pas cela qu'ils cherchaient et désiraient. Les surréalistes (André Breton) furent parmi les premiers à dénoncer cette transformation du mouvement communiste : la transformation de la contre-société en contre-Etat et de la spontanéité en appareil. Ainsi en URSS, le marxisme s'est transformé en son contraire : de critique des idéologies il est devenu idéologie; de critique de l'Etat il est devenu idéologie de l'Etat.
Yazoo!
  • Vintage Cool utilisateur
jeroveh a écrit :
Yazoo! a écrit :
heureusement que le secteur privé est capable de générer du profit sinon on serait très mal.

Elle est bien bonne.

Sinon pour revenir au thème de l'anti-communisme, nombre de témoignages nous montrent qu'il fut un temps où être communiste était un mode de vie, un temps où le parti communiste était une contre-société. Les communistes français vivaient au sein de la société bourgeoise autrement que ceux qui acceptaient la société bourgeoise. Il existait une véritable fraternité entre militants, fraternité qui ne concernait pas le sommet du parti (fraternité virile qui sera ensuite dévoyée par les fascistes, comme tout ce que la droite vole à la gauche). L'appareil, au sommet, n'était préoccupé que de politique au sens étroit et luttait contre le moindre signe de trotskysme et contre le moindre signe de spontanéisme. A l'affût de toutes les déviations, toujours vigilant, l'appareil se consolidait ainsi pour se confirmer à ses propres yeux et devant la base. Mais parmi les militants, à la base, il n'y avait rien de tel. Il y avait dans le Parti des gens de toutes sortes même des anarchisants et des trotskystes. Donc au début, le communisme est une manière de vivre, un style qui s'orientait vers le grand style. Ce n'est que plus tard qu'apparaît le mythe du communisme, sa mystification. Avec dans le même temps l'apparition d'une autre mystification : l'anticommunisme. Ces deux mythes s'entretennaient l'un l'autre et bouchaient l'horizon.

L'anticommunisme était une mystification politique servant de couverture au fonctionnement du capitalisme. Quant au communisme, il n'a jamais pleinement existé. Le communisme selon Marx ? On sait ce qu'il en dit... Ses conceptions étaient bien plus proches de celles de Bakounine que de celles de Staline. D'ailleurs les "théoriciens" soviétiques renvoyaient le communisme à une date indeterminée. Dans le communisme, bien sûr, concédaient-ils, il n'y a plus d'Etat ; en attendant, nous renforçons l'Etat pour préparer le bond final au cours duquel nous passerons de l'Etat à l'absence d'Etat. Comme si le renforcement stalinien de l'Etat pouvait un beau matin s'effacer, sans révolution, sans discontinuité radicale...

Mais le mouvement communiste a quitté son terrain et s'est installé sur celui de l'adversaire le jour où l'Etat stalinien a pris en charge la croissance économique. Il a servi de modèle non seulement aux divers partis communistes mais aux Etats et aux partis bourgeois. C'est là que le parti communiste cesse d'être une contre-société pour devenir un contre-Etat. Pas en parti destructeur de l'Etat mais en parti candidat à la direction de l'Etat pour relayer la bourgeoisie. La contre-société a échoué, notamment en Allemagne (événements de 1928-1933). Des témoignages nous décrivent cette contre-société dans laquelle vivent des camarades ayant les uns pour les autres des sentiments de fraternité, de solidarité étroite, d'affection réciproque et profonde dans la lutte. Cette contre-société communiste échoue avec le fascisme et le stalinisme (cf. également la Révolution espagnole et le témoignage d'Orwell).
La façon d'être qui a disparu comportait une critique et un dépassement du politique comme tel. Cette façon d'être ne se vouait pas à l'activité politique en tant qu'activité spécialisée.

Il fallut beaucoup de temps pour que les militants communistes, à la base, s'intéresssent à la croissance économique en URSS, au nombre de tonnes de blé et d'acier produites, à la croissance come critère du socialisme. Ce n'était pas cela qu'ils cherchaient et désiraient. Les surréalistes (André Breton) furent parmi les premiers à dénoncer cette transformation du mouvement communiste : la transformation de la contre-société en contre-Etat et de la spontanéité en appareil. Ainsi en URSS, le marxisme s'est transformé en son contraire : de critique des idéologies il est devenu idéologie; de critique de l'Etat il est devenu idéologie de l'Etat.


Problème de quote là.
(+1 !)
Lucaster
jeroveh a écrit :
Yazoo! a écrit :
heureusement que le secteur privé est capable de générer du profit sinon on serait très mal.

Elle est bien bonne.

Sinon pour revenir au thème de l'anti-communisme, nombre de témoignages nous montrent qu'il fut un temps où être communiste était un mode de vie, un temps où le parti communiste était une contre-société. Les communistes français vivaient au sein de la société bourgeoise autrement que ceux qui acceptaient la société bourgeoise. Il existait une véritable fraternité entre militants, fraternité qui ne concernait pas le sommet du parti (fraternité virile qui sera ensuite dévoyée par les fascistes, comme tout ce que la droite vole à la gauche). L'appareil, au sommet, n'était préoccupé que de politique au sens étroit et luttait contre le moindre signe de trotskysme et contre le moindre signe de spontanéisme. A l'affût de toutes les déviations, toujours vigilant, l'appareil se consolidait ainsi pour se confirmer à ses propres yeux et devant la base. Mais parmi les militants, à la base, il n'y avait rien de tel. Il y avait dans le Parti des gens de toutes sortes même des anarchisants et des trotskystes. Donc au début, le communisme est une manière de vivre, un style qui s'orientait vers le grand style. Ce n'est que plus tard qu'apparaît le mythe du communisme, sa mystification. Avec dans le même temps l'apparition d'une autre mystification : l'anticommunisme. Ces deux mythes s'entretennaient l'un l'autre et bouchaient l'horizon.

L'anticommunisme était une mystification politique servant de couverture au fonctionnement du capitalisme. Quant au communisme, il n'a jamais pleinement existé. Le communisme selon Marx ? On sait ce qu'il en dit... Ses conceptions étaient bien plus proches de celles de Bakounine que de celles de Staline. D'ailleurs les "théoriciens" soviétiques renvoyaient le communisme à une date indeterminée. Dans le communisme, bien sûr, concédaient-ils, il n'y a plus d'Etat ; en attendant, nous renforçons l'Etat pour préparer le bond final au cours duquel nous passerons de l'Etat à l'absence d'Etat. Comme si le renforcement stalinien de l'Etat pouvait un beau matin s'effacer, sans révolution, sans discontinuité radicale...

Mais le mouvement communiste a quitté son terrain et s'est installé sur celui de l'adversaire le jour où l'Etat stalinien a pris en charge la croissance économique. Il a servi de modèle non seulement aux divers partis communistes mais aux Etats et aux partis bourgeois. C'est là que le parti communiste cesse d'être une contre-société pour devenir un contre-Etat. Pas en parti destructeur de l'Etat mais en parti candidat à la direction de l'Etat pour relayer la bourgeoisie. La contre-société a échoué, notamment en Allemagne (événements de 1928-1933). Des témoignages nous décrivent cette contre-société dans laquelle vivent des camarades ayant les uns pour les autres des sentiments de fraternité, de solidarité étroite, d'affection réciproque et profonde dans la lutte. Cette contre-société communiste échoue avec le fascisme et le stalinisme (cf. également la Révolution espagnole et le témoignage d'Orwell).
La façon d'être qui a disparu comportait une critique et un dépassement du politique comme tel. Cette façon d'être ne se vouait pas à l'activité politique en tant qu'activité spécialisée.

Il fallut beaucoup de temps pour que les militants communistes, à la base, s'intéresssent à la croissance économique en URSS, au nombre de tonnes de blé et d'acier produites, à la croissance come critère du socialisme. Ce n'était pas cela qu'ils cherchaient et désiraient. Les surréalistes (André Breton) furent parmi les premiers à dénoncer cette transformation du mouvement communiste : la transformation de la contre-société en contre-Etat et de la spontanéité en appareil. Ainsi en URSS, le marxisme s'est transformé en son contraire : de critique des idéologies il est devenu idéologie; de critique de l'Etat il est devenu idéologie de l'Etat.


Ou est la couverture de livre? Tout fout le camps.
Les témoignages sur ce moment clé de l'histoire moderne sont nombreux, histoire moderne qui peut se définir comme l'incarcération progressive dans la société industrielle. Racontant ses voyages en Espagne entre 1916 et 1920 (Rossinante reprend la route), Dos Passos rapporte les propos tenus dans un café par un syndicaliste tout juste évadé de prison (on sait que dans l'Espagne de ces années un syndicaliste était bien différent de ce qui porte aujourd'hui ce nom, et que la neutralité pendant la Première guerre mondiale y avait favorisé une sorte de "décollage" économique) : "Nous sommes pris au piège de l'industrialisation, comme le reste de l'Europe. Le peuple, y compris les camarades, se laisse gagner à toute allure par la mentalité bourgeoise. Nous risquons de perdre ce que nous avons durement acquis... Si seulement nous nous étions emparés des moyens de production quand le système était encore jeune et faible, nous l'aurions développé lentement à notre profit, en rendant la machine esclave de l'homme. Chaque jour que nous laissons passer nous rend la tâche plus difficile."

Témoignage intéressant qui complète le post précédent sur la transformation du parti communiste en parti d'Etat stalinien prenant en charge la croissance économique. Les deux processus s'accomplissent à peu près en même temps. Alors que la société s'industrialise de façon sauvage et que les machines prennent littéralement le contrôle (processus dont on peut voir l'aboutissement aujourd'hui), le mouvement communiste cesse d'être une contre-société pour se transformer en totalitarisme étatique, en bureaucratie. Le grand perdant dans cette histoire, c'est l'être humain qui a vu son monde se déshumaniser jusqu'à aboutir au monde presque invivable qui est le nôtre.

Un monde invivable qui est défendu, vaille que vaille, par les progressistes de tous bords. Aucun désastre ne suffira jamais à ramener à la raison le progressiste fanatisé. Une fois admis le but profondément délirant qu'est celui du contrôle total des conditions de vie, il abdique tout sens commun et verra dans les désastres en cours un motif supplémentaire de renforcer le système technologique, d'améliorer la sécurisation, la traçabilité, etc. C'est ainsi qu'il devient catastrophiste sans cesser d'être progressiste.
Lao
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Un lecteur de Dos Passos sur G.com O_O
Honte à ceux qui défendent l'indéfendable ! Ils se reconnaîtront.
ZePot
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Ca te manque, sciences po ?

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