Pour revenir dans le sujet, un excellent article cité dans courrier international de cette semaine.
Citation:
Libérons-nous de nos préjugés malsains !
Jusqu’à l’arrestation des coupables présumés, des Polonais, le pays a cru que les meurtriers d’un adolescent étaient maghrébins. La faute en revient au politiquement correct de droite, s’insurge le rédacteur en chef du Morgen.
Tout allait bien jusqu’à ce qu’on apprenne que les auteurs du meurtre de Joe Van Holsbeeck [un lycéen de 17 ans], assassiné pour lui voler son lecteur MP3 [le 16 avril, à la gare centrale de Bruxelles], étaient finalement des Polonais. [Le meurtrier présumé, âgé de 17 ans, a été arrêté en Pologne le 27 avril ; son complice, âgé de 16 ans, l’avait été trois jours plus tôt dans la région de Bruxelles.] Car, auparavant, soyons honnêtes, nous avons tous dû subir les commentaires insensés des leaders d’opinion de droite. La bouche écumeuse d’un Jean-Marie Dedecker [sénateur libéral flamand] s’est ainsi brusquement ouverte pour s’en prendre à l’échec du relativisme culturel. Autre exemple, le papotage déconcertant d’un Paul Beliën, mari de la députée du Vlaams Belang [extrême droite flamande] Alexandra Colen, qui nous demandait de prendre les armes, au pire des sprays antiagressions, pour se rendre dans la capitale colonisée par les jeunes criminels nord-africains.
Il faudrait bien donner un peu de savon à certains politiques pour qu’ils nettoient leur bouche après leurs déclarations sur le danger des “bandes de Nord-Africains”, maintenant que l’on a appris que ce sont des Polonais qui sont suspectés du meurtre de Joe Van Holsbeeck – des représentants de la “culture dominante” qu’ils voient comme l’avenir de l’Europe occidentale ; peut-être même, ainsi que la plupart des Polonais vivant à Bruxelles, comme des fidèles de l’Eglise.
Mais n’avons-nous pas nous-mêmes un sale goût en bouche à propos de cette affaire ? Car, à la vue des images vidéo [filmées par les caméras de surveillance de la gare], n’avons-nous pas automatiquement pensé qu’il s’agissait de Marocains ? Ce n’est pas une raison pour devenir raciste, mais nous avions bien l’impression de voir des Nord-Africains : nos yeux ne nous mentent pas, tout de même.
Et nous avons donc trouvé normal que la communauté allochtone fasse entendre sa voix pour condamner cet acte odieux. Ne sommes-nous pas allés jusqu’à envisager que les imams, le vendredi, lancent un appel aux auteurs du crime pour qu’ils se rendent ? N’avons-nous pas voulu que la communauté allochtone se penche sur les problèmes engendrés par une partie de sa jeunesse ?
Mais nous savons aujourd’hui que le point de départ de ces raisonnements était faux. Nous n’avions pas le moindre droit d’imputer une partie de la responsabilité de ce meurtre à une communauté qui n’a rien à voir avec lui. Qui plus est, l’individu est responsable de ses actes, pas le groupe de population auquel il appartient. Nous nous sommes rendus coupables d’une généralisation malsaine et nous avons tiré trop vite des conclusions.
Après que la nationalité des auteurs du meurtre a été révélée, on a même entendu ce genre de commentaire : “C’étaient peut-être des Polonais d’origine marocaine.” Une manière de tenter de justifier un comportement fautif. En fait, nous sommes dirigés par nos cerveaux, qui ont fonctionné pendant des années dans un contexte sociétal où la généralisation est devenue jour après jour un mode de fonctionnement excluant le sens des nuances, à cause de la montée d’une pensée politiquement correcte de droite.
Yves Desmet
De Morgen