voici un article paru dans le Courrier International de cette semaine, extrait d'un artcie de Daniela Weingärtner, paru dans la "Tageszeitung", Berlin, je le cite puisque nous parlons de ce qui pourrait arriver en cas de NON.
Citation:
Trois scénarios pour l’avenir
S’il semble prématuré de débattre des alternatives à l’actuelle Constitution, la réflexion est ouverte. Pas de cataclysme en vue, mais un gros risque : que se perpétue le statu quo.
Bruxelles fait l’autruche. Prétendre qu’il n’y aurait que le choix entre la nouvelle Constitution et le vieux traité de Nice ne fera jamais peur aux adversaires de la Constitution. Si, d’ici à fin 2006, les quatre cinquièmes des Etats n’ont pas ratifié le Traité, le Conseil se réunira pour “se saisir de la question”, comme le dit le texte. Même si le Royaume-Uni ne ratifie pas et si les pays vacillants – France, Pays-Bas, République tchèque, Pologne – rejettent la Constitution, il y aura, fin 2006, un sommet européen qui mettra un seul point à son ordre du jour : le plan de sauvetage.
Juridiquement, trois possibilités sont envisageables pour ce sommet extraordinaire.
VARIANTE N° 1 : LE STATU QUO
La coopération se poursuit, s’améliore et se renforce dans le respect des traités existants. C’est déjà ce qui se produit, puisque la réforme de Nice n’a jamais été à la hauteur des exigences nées de l’élargissement. Ainsi, sans que l’opinion publique s’en soit pratiquement rendu compte, le Conseil et le Parlement européens ont déjà réorganisé leur mode de travail. Lors du sommet de Séville, en juin 2002, le Conseil s’est doté d’un nouveau mode de fonctionnement qui le rend plus efficace et plus indépendant de la présidence tournante. Dans le domaine de la politique étrangère et de sécurité commune (PESC), on anticipe déjà sur la Constitution. Depuis juillet 2004, l’Agence européenne de l’armement est en place. La clause d’assistance mutuelle en cas d’attaque terroriste a été adoptée sous la présidence irlandaise. Et, d’ores et déjà, Bruxelles songe à promouvoir Javier Solana au rang de ministre des Affaires étrangères européen. Le Conseil pourrait décider à l’unanimité de créer le poste indépendamment de la Constitution. Dans tous les autres domaines politiques, le traité de Nice ouvre la porte aux coopérations renforcées. La justice, les caisses maladie ou l’environnement pourraient mettre à profit cette opportunité.
L’inconvénient est que les structures européennes seraient encore plus opaques et compliquées qu’elles ne le sont, le Parlement européen n’y gagnerait rien et les prises de décision au Conseil ne seraient pas simplifiées. Adieu la transparence et la proximité du citoyen.
VARIANTE N° 2 : UNE CONSTITUTION LIGHT
Ce qui a réussi avec le Danemark pour le traité de Maastricht, avec l’Irlande pour le traité de Nice sera retenté pour la Constitution. Ce scénario pourrait s’appliquer en cas de refus de la part d’un petit pays, comme les Pays-Bas ou la République tchèque. Mais personne n’imagine que l’on pourra faire avaler cela aux Français.
Peut-être pourrait-on en revanche leur rendre plus acceptables la première partie de la Constitution et la Charte des droits fondamentaux. A l’occasion d’une miniconférence des chefs de gouvernement, on détacherait ces deux éléments du reste et on les soumettrait de nouveau au vote en tant que Constitution de l’Union européenne. L’ensemble de la troisième partie, globalement comprise dans le traité de Nice, resterait en vigueur sans modification. Cette perspective pourrait induire un tournant en France. En revanche, elle serait parfaitement inadaptée au Royaume-Uni, puisque ce sont précisément la Charte des droits fondamentaux et le renforcement des droits du Parlement européen qui sont rejetés par les Britanniques.
VARIANTE N° 3 : ON REPREND TOUT A ZÉRO
Tous les pays qui souhaitent une Constitution commune résilient les traités de l’UE et fondent une nouvelle Union. Cette solution offrirait certes aux partisans de la coopération les fortes valeurs ajoutées que sont la transparence, l’efficacité et le regroupement des forces. Il va sans dire qu’une telle révolution aurait des conséquences diplomatiques considérables. Ce coup de force ne s’avérerait payant que si une assemblée constituante repêchait le texte d’origine. Toutes les ratures apportées dans le domaine social, les droits fondamentaux et la politique étrangère dans le but de retenir les Britanniques seraient désormais superflues. Il faudrait établir par de nouveaux traités la relation entre les Etats-Unis d’Europe et les pays du marché unique. La dynamique de l’élargissement perpétuel serait brisée, et les Français ne seraient pas les seuls à s’en réjouir. Il est probable qu’entre ces membres de première et de deuxième classe se développerait un effet d’appel, qui finirait à moyen terme par rassembler de nouveau les Vingt-Cinq sous le même toit. Mais ce scénario audacieux, pour l’instant, n’intéresse personne.
L’avenir dépend donc essentiellement du nombre de pays qui rejetteront le projet et de leur importance dans l’Union. Le plus vraisemblable est qu’on en reste au statu quo (variante n° 1).
Ce qui aurait pour résultat de rendre la politique européenne encore plus compliquée. Et plus ennuyeuse.
Daniela Weingärtner
Die Tageszeitung
Il y a sur le site du Courrier International une foule d'articles sur la Constitution Européenne.