Bon, comme Chacal, je pensais me tenir soigneusement éloigné de ce genre de posts, commençant à connaître un peu les posteurs de ce forum et leurs avis souvent si éclairés et raisonnés
Déjà, concernant le CPE (ou le CNE, même combat), il faut bien se dire qu'il est avant tout là pour remplir une case, celle des petites entreprises qui hésitent à embaucher du fait des rigidités inhérentes à la législation, sachant que, pour mémoire, 50% des entreprises cessent leur activité dans le délai de 2 ans qui suit leur ouverture. Dans cette optique, bizarrement, cette fameuse période d'essai de 2 ans paraît d'un seul coup beaucoup moins arbitraire. Que le format soit plus ou moins bien goupillé est un autre débat, mais sur le fond, ça ne me semble pas si absurde que ça de relier le fonctionnement d'un contrat de travail précis à l'incertitude intrinsèque à la création d'entreprise.
Après, il ne faut pas se faire d'illusions: non seulement ils (les CPE/CNE) ne concerneront vraisemblablement pas les postes les plus qualifiés (auxquels devraient logiquement prétendre les jeunes diplômés d'université), mais il ne feront que remplacer les postes moins qualifiés pourvus à grands coups de contrats d'intérim ultra-courts (j'ai vécu le cas de contrats d'intérims à la semaine, ou on passe plus de temps en période de souplesse donc virable sans préavis qu'en relative sécurité). Et là, je ne pense sincèrement pas que le CPE représente un réel accroissement de la précarité. Et désolé de le dire, mais de nos jours, à moins d'être très qualifié dans un domaine, cette situation représente plus la norme que l'exception. L'emploi à vie, c'est devenu de la science-fiction, mis à part dans l'administration...
gros bourrin a écrit :
dr.fenderstein a écrit :
Qui te dit qu'on te garderas si tout se passe bien?
C'est sur que els patrons sont des gros cons qui vire les gens qui font du bon boulot . C'est d'ailleurs comme ca qu'une netreprise fait du fric : en virant les bon employés .
C'est marrant, cette phrase m'a immédiatement fait penser à ce qu'a dit hier Jacques Marseille (qu'on pourrait pourtant difficilement taxer de sympathies néo-libérales) dans Ripostes hier soir:
"le discours ambiant donne l'impression que, pour les manifestants, Dominique de Villepin, le matin en se rasant, n'a qu'une idée en tête, précariser les jeunes. Et de la même façon, que les patrons, en se rasant le matin, n'ont qu'une seule idée fixe: licensier leurs employés"
C'est terrifiant, mais c'est excessivement vrai...
Et quelque part, ça rejoint ce que disait Ori:
ori a écrit :
Le vrai malentendu vient de la caricature permanente des deux partis, d'ailleurs largement aidée par leur représentants les plus visibles: les syndicats et le Medef.
Je n'ai jamais vu des gens autant desservir l'organisme qu'ils sont censés représenter.
C'est tout le drame de ce pays, et au-delà de ça, le révélateur de ce que la France peine encore, 2 siècles plus tard, à sortir du schéma "droite monarchiste contre gauche révolutionnaire" (comme l'avait démontré entre autres le 29 mai, à mon sens).
Enfin bon, je fais partie de ceux qui pensent que la France est totalement arriérée si on considère sa vie politique et économique (c'est particulièrement frappant en ce qui concerne la politique), et, contrairement à tous nos voisins européens (à l'exception de l'Italie), n'a pas sû sortir de cette opposition, la droite restant par essence ultra-libérale et campée sur une vision dérégulationniste de l'Etat visant à en revenir aux fonctions régaliennes du gouvernement, contre une gauche qui a toujours des tentations révolutionnaires (cf la lune de miel entre les Fabius/Emmanuelli et ces fous furieux que sont les Laguiller/Besancenot/Bové/Buffet), veut retourner au tout-étatique et semble regretter la douce époque où elle était sous "l'oeil de Moscou"...
Résultat, un dialogue social totalement impossible, une tentation des extrêmes (fin avril 2002, ça vous rappelle un truc ?), des lois qui se font et se défont au gré des changements (fréquents) de gouvernements, tout ça sur fonds de climat quasi-insurrectionnel dès que quelque gouvernement que ce soit tente de faire évoluer le pays dans le même sens que le reste du monde
PS: ma femme a galéré pour se payer ses études à la Fac et a dû arrêter fautes de moyens, et est dans une rage folle de voir une bande de bobos post-soixante-huitards bloquer les universités, empêchant ceux qui galèrent de passer leurs concours/partiels/examens, ce que je trouve totalement à gerber. C'est comme le principe du piquet de grève, ça relève du terrorisme intellectuel, vu que ça impose de facto une décision à des gens qui ne sont pas forcément d'accord.
Enfin bon, post fleuve, mais ça me fait vraiment hurler de voir à quel point certains ont une vision surréaliste du monde qui nous entoure...