Fabienm a écrit :
c'est sûr.
ça fait 8 ans que je travaille dans un groupe privé, et rien qu'en 8 ans, j'ai vu le monde du travail évoluer. Nous subissons actuellement une profonde mutation. Je ne dis pas "c'est bien" ou "c'est mal", cependant je suis obligé de la constater. Etant moi-même actionnaire, je ne peux aussi que constater que mes attentes en tant qu'actionnaire et mes attentes d'employé sont contradictoires. Enfin, je ne trouve pas normal qu'un groupe redistribue la majorité de ses bénéfices sous forme de dividendes plutôt qu'à ses employés. Tu peux me traiter de dangereux idéaliste
Non sur le fond, je suis d'accord avec toi, rien qu'en termes de motivation des salariés, il me semble évident que l'intéressement au bénéfice des employés ne peut être que sain (à noter que, dans ce temple du capitalisme que sont les Etats-Unis, c'est plus la règle que l'exception).
Après, comme tu le dis toi-même, en tant qu'actionnaire, tu attends aussi que les dividendes de tes actions soient supérieurs aux intérêts que tu aurai touchés par exemple en plaçant ton argent sur un PEL par exemple, surtout vu que le placement est intrinsèquement plus risqué qu'avec une épargne classique, c'est on ne peut plus normal.
Le tout, c'est de cumuler les deux approches, pour entrer dans une logique gagnant-gagnant (parce que salariés motivés=meilleure productivité=meilleurs profits si l'entrepreneur n'est pas trop une buse et indépendamment de tout un tas de facteurs extérieurs).
Or, et c'est là qu'on en revient plus ou moins au sujet de départ, le problème en France est que beaucoup de "grands patrons" (comprendre, ceux qui dirigent les grands groupes, et sortent pour beaucoup de cette formidable usine à managers que sont les écoles d'ingénieurs, comprenne qui pourra) sont mûs par une logique de court terme. Cf Jean Peyrelevade: "Il faut passer en moyenne une journée par semaineauprès des investisseurs et des analystes. Au bout d'un moment, on risque de finir par leur ressembler, par leur servir le discours qu'ils attendent".
Et comme à l'autre bout, les syndicats ont une logique de boute-feu, en refusant tout compromis et de lacher du lest, fatalement, on reste dans une logique d'affrontement, plutôt que dans une optique de collaboration et de relation gagnant-gagnant.
Qu'on se comprenne bien: je ne fais pas l'apologie des "grands capitalistes" français, bien au contraire, je pense qu'ils fonctionnent sur des schémas tout aussi éculés que ceux de leurs homologues de l'autre côté de la barricade.
Et là, on en revient à ce que je disais sur la nécessité de sortir du vieux clivage entre droite monarchiste et gauche révolutionnaire
Encore une fois, en matière de visions de la gouvernance et de politique économique, la différence de points de vue entre un Bush Jr et un John Kerry (pour prendre un exemple récent, et abstraction faite de leurs considérations en matière de politique extérieure...quoique) est à peine plus importante que celle qui existe chez nous entre un Strauss-Kahn et un Bayrou.
Edit:
duss80 a écrit :
Donc 20% de la population active je ne pense pas que ce soit négligeable!!! Peu d'entreprises mais beaucoup de salariés
Certes, ce n'est pas négligeable, mais c'est tout de même très loin d'être la norme, comme certains le prétendent fréquemment. Donc je maintiens, les abberrations découlant des rapports d'amour-haine entre les grands groupes et les marchés financiers, dont les médias se font fréquemment l'écho, et qui sont agités et pris pour règle générale par les divers représentants de la gauche révolutionnaire sont très loin d'être le quotidien de la majorité des français (ou alors, la majorité des français a voté Le Pen aux dernières présidentielles, pour reprendre le même rapport de proportions
)