Doc Loco a écrit :
Je trouve ça invraisemblable le nombre de gens qui critiquent un livre qu'ils n'ont pas lu
. Moi c'est ça qui m'effraie - tout le monde a "l'impression" de connaître le livre, à cause de tout le tapage développé autour. Un peu comme les lecteurs du Reader's digest ont l'impression de lire des livres ...
Bon, je l'ai lu (en une après-midi), le DVC, et j'ai la vanité de croire que j'ai quelques notions d'histoire des religions et d'histoire tout court.
Le problème, au delà des théories fumeuses développées par Dan Brown, et indépendamment de la (faible) qualité du roman en lui-même, tient au fait qu'il pose comme vérédiques des contre-vérités, des imprécisions et demi-vérités. Et ce, dès la première page (qui annonce ni plus ni moins que tous les faits énoncés sont réels). Or, c'est bien ça qui pose problème.
Surtout quand il commence à élucubrer sur l'affaire des Templiers, sur Leonard, sur le Louvre (rien que son délire absurde sur le nombre de dalles de verre qui composent la pyramide du Louvre), et que sais-je d'autre.
En fait, le drame, c'est que ce qui se passe avec le DVC est l'exacte illustration de ce qu'Umberto Eco décrit avec humour dans
Le Pendule de Foucault.
Et l'autre drame, c'est que pas mal de gens mal informés (ce qui n'est pas un crime, on touche içi àpas mal de choses assez complexes et touchant à suffisamment de domaines comme la religion, la philosophie, l'histoire, l'art, pour que le déchiffrage du DVC et le simple fait de faire le tri nécessite un bagage culturel déjà conséquent et diversifié) ont pris pour argent comptant TOUT ce que Dan Brown assène comme étant des faits avérés. Je me souviens avoir eu par exemple une discussion assez longue et pas évidente avec mon beau-frère où j'ai dû lui expliquer, bouquin à l'appui, toutes les contre-vérités et toutes les approximations qui parsème le DVC, parce qu'il les avait prises pour argent comptant.
En plus, le DVC reprend à son compte pas mal de vieilles lunes de l'ésotérisme et de l'occultisme de foire, en y incorporant des thèmes plus actuels (comme une relecture pour le moins folklorique des evangiles de la mer morte, je peux te citer par exemple plusieurs ouvrages de Papus (ce qui nous renvoie un bon siècle en arrière) développant le même genre de thèses. Et encore une fois, on y retrouve plusieurs éléments communs avec la mystification que montent les héros du
Pendule.
Sans parler de son utilisation du thème de Sion, qui a dès le départ des relents passablement nauséabonds...
Rien de nouveau sous le soleil, en fait, le seul mérite de Dan Brown étant d'avoir mis ces thématiques à la portée du lecteur "lambda" sous la forme d'un honnête roman de hall de gare.
D'ailleurs, je frémis à l'idée qu'a priori le prochain roman du bonhomme va a priori reprendre le thème des Illuminati, on touche là à un des délires préférés des conspirationnistes de tout poil, et je sens qu'on va encore assister à un étalage de contre-vérités et un recyclage de toutes les thèses fumeuses de ces 3 derniers siècles en 300 pages écrites dans un style que ne renierait pas la bibliothèque verte...
Edit: qu'on se comprenne bien: je suis parfaitement d'accord sur le fait que la foi chrétienne telle qu'elle nous est livrée est largement le résultat du concile de Nicée et d'un choix délibéré de retenir certains écrits plutôt que d'autres, pour aboutir au fil du temps à un dogme qui tient en grande partie de la construction intellectuelle pure et simple. MAIS ce n'est certainement pas des élucubrations comme celle de Dan Brown qui vont faire avancer le schmilblick, quand on voit que les historiens et les théologiens, 50 ans après leur découverte, débattent encore sur la portée réelle des manuscrits de la Mer Morte...