A l’issue de ce premier tour, j’ai malheureusement peur que les socialistes aient loupé une occasion historique et unique de créer une sociale démocratie qui aurait fait un réel pendant à l'UMP, une alternative vraiment solide. Le fameux parti « social-démocrate » français que tant de gens attendent, peut-être avec des hommes de l’UDF, peut-être quelque chose de totalement nouveau, ni PS, ni UDF ? Mais un parti responsable.
J’en suis même arrivé à penser qu’une défaite électorale similaire à 2002 pourrait faire « imploser » le PS et lui permettre de se reconstruire.
J’ai donc voté Bayrou amèrement, sans enthousiasme, sans espoir particulier….mais sans scrupules. J’ai voté contre Royal. Contre le PS. Contre ce qui fut ma « famille politique ». Royal est au 2ème tour, c’est un moindre mal. C’est assez dur comme ça, vous savez. Ca a été aussi difficile que de glisser « Chirac » dans l’urne en mai 2002.
Pourquoi tant de haine envers la belle Ségolène ?
Parce qu’il est de plus en plus dur d’assumer sa « gauchitude », son « idéal socialiste ». Comme beaucoup autour de moi, mes convictions « de gauche » sont ébranlées.
La gauche dans son ensemble, fait fausse route avec son « tout sauf Sarko » et se amalgames douteux sur le thème éculé Sarko = facho, nazi, nazillon, nia, nia, nia et j’en passe.
Sarkozy n’est pas un fasciste, plus qu’il n’est nazi, nazillon, Hitler, ou Napoléon.
Ce discours, au-delà du fait qu’il insulte l’intelligence de tout ceux qui ont pu donner leur voix à l’UMP, a prouvé, avec ce premier tour, qu’il n’avait pas ou peu d’impact.
Sarko n’a jamais rien dit ni fait quoi que ce soit prouvant qu’il est raciste, antisémite, anti-arabe ou anti-noir. Curieux, du coup, de le taxer de facho, nazi, ou d’extrême-droitiste ? L’attaquer là-dessus, c’est au mieux stupide, au pire malhonnête.
L’extrême-droite, le nazisme, le fascisme, mettez-y les mots que vous voulez, veut fonder son autorité politique sur le racisme. C’est le credo de Le Pen ou De Villiers, leaders de formations qui ne se situent hors du champ démocratique.
C’est là où Sarkozy a raison, quand il parle de « ramener les électeurs dans le giron de la démocratie ». Arguant qu’il fait du gringue aux électeurs du FN, on se goure lourdement en l’attaquant là-dessus,. Alors, elles puent les voix de ceux qui ont voté un jour Le Pen ? Le PS n’en veut pas de ces voix ? Si ces « brebis égarées » retrouvent le « droit chemin » démocratique, même pour Sarkozy, c’est déjà ça, non ?
Le sarkozisme, dont on a un avant-goût depuis quelques années, peut nous faire craindre un affaiblissement probable de la démocratie, mais ça ne fait pas de lui un anti-démocrate.
Sarkozy n’est pas fasciste, il est de droite, vraiment de droite, et ça n’a rien à voir…
Si la gauche se refuse à le comprendre, s’obstine à lui coller une étiquette facile à retenir, elle n’arrivera jamais à bout, elle s’essoufflera à l’accuser de ce dont il n’est pas coupable, ne convainquant que ceux qui sont déjà convaincus. Avec un tel discours, le risque est surtout de renforcer l’empathie pour le « petit Nicolas » de ceux pour qui ce discours n’a pas de prise.
Le risque aussi, c’est de couper le pays en deux. Un peu comme aux Etats-Unis. Les intellos pour Kerry, les bouseux qu’on rien dans la tête, et les riches qui veulent niquer tout le monde pour Bush.
Waouh, quelle finesse d’analyse.
Vous imaginez, vous, si demain, le « front anti-Sarko » se mobilise autour de slogans stériles comme « Sarko, facho, le peuple aura ta peau ! ».
Des manifs contre Sarko, comme celles contre Le Pen il y a 5 ans ?
Quelle image va-t-on donner de ceux qui vont voter Sarko quand même ?
Comment réconcilier les pro en anti-Sarko, si Sarko est le Malin ?
S’il y a les bons et les méchants ?
Alors c’est ça le 2nd tour de la présidentielle, pour ou contre Sarko ?
C’est ça le projet de la gauche ?
S’opposer au tyran ?
Bravo ! Vaste programme.
Pis, faut pas se leurrer, pour le moment, l’avantage est clairement du côté de Sarko.
Certes, Ségolène a reçu un nombre important de témoignage de soutient.
Un peu de mathématiques.
Si on fait bêtement les comptes, ça pèse pas si lourd : 9% d’extrême-gauche (Besancenot + Buffet + Laguiller + Bové + Schivardi) + 1,5% de Voynet. Ajoutez-y le score de Royal et on s’en tire avec un électorat naturellement enclin à voter socialiste pour 36,5%. Ca fait juste.
Reste 13,5% à aller chercher. Dur.
Eh puis, la gauche ne peut légitimement espérer qu'un report partiel des voix de Bayrou, d’autant plus si celui-ci prépare avant tout les législatives à venir et ne donne pas de consigne de vote claire. Ce report sera probablement assez partagé entre droite et gauche.
Royal, en dépit d'un charme indéniable, n'a pas l’instinct politique de ses modèles. Elle aurait pu, par exemple, afficher nettement un ticket Royal-Strauss-Kahn, lequel est bien perçu tant à droite qu'à gauche, en faire un Premier Ministre affiché, ça aurait eu pour effet de renforcer sa position. Etrangement absent au soir du 1er tour, DSK, je trouve ?
Au lieu de quoi, la Madone, encore sous le charme de son triomphe de l'automne dernier, a crû que sa seule (jolie) personne allait suffire pour devancer Sarkozy.
Une élection présidentielle c’est peut-être la rencontre d'une personnalité avec la France, mais dans une bataille aussi difficile, cet homme, cette femme, ne sont rien sans l'appui d'une formation politique en ordre de marche.
Voilà pourquoi je pense que Sarkozy a fait le plus difficile.
L’électorat de Le Pen et De Villiers devrait lui revenir naturellement, il ne lui reste plus qu'à grappiller 20% sur celui de Bayrou.
Je doute fort que ça soit insurmontable.
Someday girl
I don't know when
We're gonna get to that place
Where we really want to go
And we'll walk in the sun
But till then
Tramps like us
Baby we were born to run!