Bobo Parisien a écrit :
bonniwell a écrit :
Gaspard Noé pour moi = pauvre type qui filme (mal) ses fantasmes bas-du-front, tout en se prenant pour un cinéaste talentueux et dérangeant. Ridicule.
Il ferait carrément mieux de s'assumer et de faire du snuff au lieu de prétendre à ce qu'il n'est pas.
Mais on ne peu pas retirer a Noé d'avoir une esthétique propre, singulière et un réel propos cinématographique...
C'est justement pas un réalisateur de surface, qui fait du trash uniquement en quête de réaction... Je pense qu'il fait et qu'il montre exactement ce qu'il souhaite (il est loin d'être naïf et con face a l'image et aux procédés narratifs (il a été initié très jeune : père peintre, diplômé de Louis Lum' études de philo etc.).
Il y a plusieurs constantes dans ses films : recherche formelle, rupture de rythme dans la narration, monologue subjectif ou intérieur... Ca n'est pas un hasard, si le personnage principal de "Carne" et de "Seul contre tous" est un boucher (la viande chevaline pour un argentin qui arrive en France, c'est forcément un peu R&R)... Bref, il ne met pas en scène bêtement des instincts ou autres fantasmes glauques et répulsifs... Il y réfléchi et il les "formalise"... la nuance est importante...
Bobo le sniper a su dénicher la faille dans ma diatribe!
Effectivement tu as raison, je me suis laissé enflammer par ma haine, tel le Padawan charmé par le coté obscur: on ne peut pas dire qu'il filme "mal" car oui, au niveau formel il est sacrément fort et original.
OK aussi sur le fait qu'il maitrise son propos et la façon de le mettre en scène. Mais sa mise en scène s'apparente à de la manipulation (d'ailleurs il sait aussi jouer de l'art de la polémique pour promouvoir ses films).
Quand on aime le cinéma on aime être manipulé par le film, c'est ça qui permet de "rentrer dedans" mais avec Seul contre tous j'ai eu l'impression que le but de cette manipulation était l'avilissement.
... en fait j'avais écrit une chronique sur Gaspard Noé dont voici un extrait.
Citation:
Il s'agit d'un huis-clos décrivant la dérive psychologique d'un boucher de profession, abandonné par l'amour, la passion, se morfondant dans une vie mécanique vide de plaisirs. Il en vient à décider que sa propre fille adolescente ne vaut guère mieux que les morceaux de viande qu'il manipule à longueur de journée.
Ce boucher se résout donc à poser des mains concupiscentes sur sa fille, à s'introduire entre ses cuisses, en la maudissant comme il maudit toute chair, la réduisant à un produit animal tout juste bon à servir ses propres intérêts, sexuels et morbides en l'occurrence. Ce vil parcours souligné par l'étalage de ses pensées intimes en voix off, ne prête aucune espèce d'intention à la psychologie de la jeune femme réduite de fait, par le cinéaste comme par son personnage, à un outil de destruction morale mutuelle.
Mon intérêt à découvrir ce film, aiguillé par le défi du traitement de l'inceste de manière aussi crue, interrogé par les diverses appréciation du film dans la presse, s'était vite perdu dans l'âpreté du langage cinématographique de Gaspard Noé, provoquant l'ennui puis le détachement… jusqu'à l'écœurement d'être conduit à me désintéresser d'une telle violence, faite pourtant à l'une des empathies les plus puissants du règne animal: le respect de sa propre descendance.
En sortant du cinéma j'étais confus… quelques jours après j'étais résolu de considérer cet exercice comme maladroit, malsain, comme un rendez-vous manqué avec le subversif.
Aussi, quelques années plus tard, lorsque la promotion du film Irreversible à inondé les grands espaces médiatiques pour susciter à nouveau la polémique, j'ai décidé de ne pas assister à la projection du film.
Bobo Parisien a écrit :
Sinon, c'est vrai que ce topic est abominablement chiant ... avec ces users qui parlent invariablement de toutes ces productions pourraves de studio US interchangeables, c'était bien plus intéressant quand on a abordé le travail d'HPG...
J'ai connu bien pire sur un forum spécialisé avec pignons sur rue, commercial et consensuel à souhait, qui n'abordait le cinéma
que par le biais du box office. Avec un patriarche tout-puissant qui détenait le savoir de ce qui est bon ou pas (= ce qui se vend ou pas) et autour duquel ses ouilles faisaient front. Je me suis barré vite fait: ici c'est mieux finalement, chacun peut s'exprimer et se fritter tranquillement!
PS: j'ai fait Louis Lum' moi aussi...