The Glow Inc. a écrit :
Etant d'origine roumaine, je suis un peu comme ça en ce moment :
Mon point de vue est le suivant :
-Expulser une communauté ( qui plus est européenne ) de manière systématique en utilisant l'ethnie et l'origine comme facteur est tout simplement vomitif. Le fait qu'il s'entête de la sorte me fait un peu honte perso.
-Pour avoir été plusieurs fois en Roumanie ( j'habite en France depuis mes deux ans ), je suis partagé : le cliché des roms voleurs de poule a, certes, la vie dure mais n'est pas si anodin que ça. La vérité ( en tout cas celle que j'ai constaté là-bas ) c'est que la plupart des membres de la communauté tzigane que j'ai pu voir n'étaient pas réellement intégrés, et ceci aussi bien dans les régions rurales que dans la capitale, et vivaient de la mendicité comme ils le font ici. Les enfants n'étaient pas scolarisés et les adultes squattaient et faisaient la manche. Les roumains ( non roms je veux dire ), pour une grande partie, semble détester cette communauté qui ne s'intègre pas, et ne font, de leur part, pas grand chose pour les intégrer non plus.
Pour en revenir à ici, les renvoyer systématiquement ne résoud rien tout simplement car leur sort est strictement le même en Roumanie, voir bien pire en réalité et que donc ils finiront fatalement par revenir ou par aller dans d'autres pays qui ne feront rien pour les intégrer non plus.
Les garder en France je ne vois pas vraiment l'interêt non plus, sauf s'ils tentent de s'intégrer, chose qu'ils ne font déjà pas dans leur pays d'origine.
Donc je suis vraiment partagé : expulser une ethnie c'est juste vomitif mais les autoriser à rester ne sert à rien.
Intéressant.
Je suis à peu près d'accord avec toi. Autant je gerbe la politique démagogique répressive et inefficace du gouvernement sur les Roms et lintégration en général, autant je pense qu'il est bon, pour ceux qui la combattent comme moi, de ne pas se voiler la face. Pour être crdéible, la gauche doit d'ailleurs être capable de faire son autocritique.
Je pense en effet que la politique d'ouverture et d'intégration menée durant les années 80-90 a eu un effet largement positif, mais étant donné la tournure actuelle du débat politique, il serait bon de ne pas en ignorer les échecs. Car il y en a, c'est un fait
Je crois, avec le recul, que la gauche a certainement pêché par naïveté et angélisme sur la question de l'intégration. Les grands mouvements solidaires des années 80 (SOS, racisme, "Touche pas à mon pote" etc.) ont eu un impact très positif sur la société en général, mais effectivement, on a peut-être crû à ce moment là qu'il suffisait de décréter que tout le monde était gentil et qu'il suffisait de le dire pour accepter mutuellement nos différences culturelles.
Or force est de constater que tout n'est pas aussi simple: c'est encore quelque chose de dur à accepter pour pas mal de sensibilités de gauche, mais je pense qu'il y a EFFECTIVEMENT, c'est con à dire, des différences culturelles difficiles, voire impossibles à concilier entre les différentes communautés (éducation, cellule familiale, rites religieux...) . La gauche n'a pas su assumer son discours sur ce point.
Il y a un vrai débat sur ce qui est du domaine des pratiques culturelles "privées" et qui nécessitent une adaptation des structures sociales locales (le meilleur exemple qui me viens à l'esprit, c'est les frictions qu'il y a longtemps eu sur les sacrifices de l'Aïd : on a tous entendu les histoires, probablement largement exagérées, de moutons égorgés dans la baignoire etc. Ca a probablement été monté en épingle, mais comme tout mythe urbain ça repose probablement sur des anecdotes réelles. D'ailleurs l'une des rares décisions de Sarko que j'ai approuvé a été la mise en place d'abattoirs "hallal" (enfin même s'il y a débat sur les conditions d'abattage etc. c'est autre chose) )
D'autre part, on ne peut pas, je pense, faire l'économie d'une reflexion sur ce qui est du domaine culturel, relié à l'histoire et aux traditions d'une communauté, et ce qui relève de l'universalité des droits de l'homme.
A gauche, on a eu un peu trop tendance, c'est vrai, à céder à la facilité et au politiquement correct et à mettre sur le compte des "différences culturelles" des pratiques qui posent pourtant indéniablement la question des droits de l'homme (voile intégral, polygamie...) . Et donc par là même de nier, sans le dire, l'universalisme des droits de l'homme et même, philosophiquement, l'unité de l'humaniité en tant qu'"espèce". Bien sûr ça ne sera jamais admis, mais c'est pourtant bien le cas.
Je tique toujours un peu quand j'entends des amies (je parles exprès d'amis de sexe féminin) aux tendances un peu gauchos m'expliquant que les femmes africaines ou maghrébines sont très heureuses de leur condition, que la "culture" locale veut que les hommes aient plusieurs épouses et que ces dernières soient cantonnées aux tâches ménagères, ne pouvant sortir qu'en se masquant le visage. Voile qu'elles seraient d'ailleurs très heureuses de porter car cela leur éviteraient d'être importunées par les hommes ( il est bien évident que ces mêmes jeunes filles hurleraient au bûcher si leur compagnon en ramenait 3 autres à la maison et les cantonnait à la vaisselle et la procréation...) Ce faux discours politiquement correct m'insupporte profondément.
je reste persuadé que les droits de l'homme sont universels et qu'on peut, en leur nom, s'attaquer en toute bonne fois à certaines pratiques culturelles, en occident comme ailleurs. On doit le dire sans crainte du politiquement correct: OUI la polygamie ne doit pas être tolérée, ni en France ni ailleurs, NON, obliger les femmes à se voiler de la tête au pieds dès qu'elles mettent le pied dehors n'est pas tolérable, ici comme ailleurs. Et si l'occident se pose en donneur de leçon sur CES SUJETS, il en a tout a fait la légitimité. Tout comme d'autres cultures ont des leçons à donner aux occidentaux dans d'autres domaines (je pense notamment à la valuer de la famille et au respect des aînés, sur lequel les cultures africaines auraient beaucoup à apporter, et aurait tout légitimité pour non: "NON, nous ne pouvons pas accepter que les vieux soient abandonnés dans des prisons médicalisées et délaisses par leurs enfants, en France comme ailleurs...
De même, concernant les Roms, il y a effectivement des comportements qu'on ne peut pas accepter. LEs réseaux de mendicité "agressive", le recours aux enfants, ça n'est pas tolérable. Pour les "gens du voyage", comme on dit, il est évident qu'un mode de vie nomade et la possibilité de "disparaître" d'un secteur géographique rapidement et sans laisser de traces favorise les comportements crapuleux. Il est évident que le type qui n'est pas très honnête aura plus de facilité à commettre des forfaits que s'il est repertorié avec nom, adresse etc. Ca ne veut pas dire qu'il faut les traiter tous comme des criminels, mais s'ils faut des opérations de police, parfois musclées, pour mettre la main sur un malfaiteur, je ne suis pas contre, c'est normal.
Par contre je ne vois pas pourquoi on ne leur aménagerait pas d'aire d'accueil... Mais le fait qu'ils donnent leur immatriculation et qu'ils signalent leur identité aux autorités en arrivant sur une commune ne me choque pas plus que ça. C'est exactement ce qu'on fait tous en faisant son changement d'adresse à La Poste et au trésor public en s'installant dans une commune.
Bref, je pense qu'une bonne partie des problèmes qu'on se crée actuellement se résoudraient si on les différentes communautés se parlaient en jouant cartes sur table: qu'on dise "OK, vous avez tout à fait le droit de faire ça, de vivre comme vous l'entendez, ou vous l'entendez, par contre on est intraitable sur ça, ça, et ça."
Une fois qu'on aurait assumé toutes ces vérités, je pense que le débat sera déjà beaucoup plus sain et que les extrémistes auront beaucoup moins de prises... (Ouch, encore un pavé)
*: NOBODY EXPECTS THE SPANISH INQUISITION!