J'ai pu mettre la main sur le papier qui sera lu demain à Namur. On peut trouver ça naïf, candide, flou, que sais-je, mais ça me semble très loin du "Gilet Jaune = facho/jaloux/casseur" (désolé, c'est long):
Citation:
Gilets Jaunes, Namurois, Namuroises, Le patrimoine des milliardaires a augmenté en moyenne de 13 % par an depuis 2010, soit six fois plus vite que la rémunération des travailleuses et travailleurs, qui n’a progressé que de 2 % par an en moyenne. Entre mars 2016 et mars 2017, le nombre de milliardaires a augmenté plus rapidement que jamais, à raison d’un nouveau milliardaire tous les deux jours. »
Voilà, entre autre, ce que dit le rapport « Partager la richesse avec celles et ceux qui la créent » d'Oxfam publié sur leur site le 22 janvier 2018. 82% des richesses générées en 2017 ont profité aux 1% des plus riches de la population mondiale. Ce qui veut dire qu'il reste à 99% de la population 18% de richesses à se partager.
Mais nous serions le problème ? Nous serions les seuls à être dérangés par ça ? Gilets Jaunes, la situation ne serait pas si dramatique que j'aurai la force d'en rire. Mais, elle est.
Pendant que je vous lis ces chiffres qu'ils ont déjà sous les yeux et, dont ils se foutent car ils sont trop occupés à sauvegarder leurs privilèges, Je ressens le besoin de vous parler de ces gens que je croise depuis le mois de novembre. Ces gens faisant partie des 99%. Car derrière ces chiffres, il y a des êtres-humains qui souffrent.
Je pense à ce père divorcé ne chauffant son appartement que pour recevoir ses enfants lors de son week-end de garde, quand il sait les prendre. Je pense à cette femme dormant dans la pièce la plus chaude de son appartement, sa salle de bain. À cette femme gradée dans la fonction publique, convoquée par ses pairs devant un comité suite à une maladie grave et condamnée d'avance. Mise au placard, comme ça. « Nous sommes jetables ». Cette phrase, dite un soir de blocage après que ce fils ait parlé en souvenir de sa mère résonnera encore longtemps dans ma mémoire. Je pense aussi à ce jeune de vingt ans, à la rue. Sans perspective d'avenir, sans lumière au bout du tunnel. Comment saurait-il la trouver ? On ne l'a pas armé pour. Le budget de l'éducation est sacrifié, tout comme celui de la santé et du bien-être commun en général. Sachez que je ne peux pas vous parler de la souffrance des nôtres sans vous parler de ma mère. Son état ne me permet pas de m'en occuper car elle a besoin d'une surveillance continue. Couchée dans un lit au moment où je vous parle, elle regarde son horloge ou elle a peut-être remarquée une trace sur le mur qui n'était pas là hier. Maman est dans ce qu'ils appellent une « résidence ». C'est joli dit comme ça ! On sentirait presque les fleurs fraîchement coupées du jardin entretenu par le personnel souriant et bien payé de cet endroit fantastique. Détrompez-vous, comme une bonne partie de la population qui n'est plus apte à contribuer à l'économie de notre société, elle est dans un mouroir. Oubliée d'un monde qui n'a plus besoin d'elle. Le pire étant que, même ça, je ne suis pas apte à le payer tellement l'indécence est hors de prix. Maman, je te demande pardon. Bien que je sache que c'est à ce monde d'avoir honte.
Je pense également à toi qui me dit en réunion, des larmes dans la voix, que pour toi c'est trop tard. Mais, qu'il te reste tes enfants et petits enfants à sauver. Je pense à nous tous, qui faisons partie de ces 99% qui seraient de trop pour le pourcent restant.
Citoyens, combien de placards ? Combien de salle de bain ? Combien de familles monoparentales en difficulté ? Combien d'enfants continueront de grandir sans être armés de mots, de livres et d'espoir ? Combien d'adultes ne seront pas construits demain ? Combien de personnes âgées, de malades oubliés ? Combien de drames sociaux seront nécessaires aux nôtres pour les voir marcher avec nous ? Combien avant de dire STOP ?
Samedi dernier la presse nous a incitée à dénoncer les violences qui ont découlé de nos rassemblements. Violences qui restent minoritaires en Belgique et proportionnellement ailleurs également. Aujourd'hui, j'incite la presse à dénoncer une violence que nous ne laisserons plus taire. Aujourd'hui, j'invite chacun à condamner l'origine de toutes les autres, celle qui tue les nôtres. Celle que nous subissons toutes et tous. Celle sans qui ces rassemblements n'auraient pas lieu. Je vous invite toutes et tous à dénoncer la violence sociale. En faisant cela, vous enraillerez automatiquement la seconde qui n'est que le résultat d'un mépris devenu pour beaucoup inacceptable.
J'aimerais vivre dans un monde où nos dirigeants auraient donné les moyens aux gens. J'aimerais pouvoir leur dire qu'ils sont entendus, vus et considérés. Mais ce n'est pas le cas, je ne peux donc pas les condamner, juste leur demander d'être patients. Mais pas la patience de qlq un qui se laisse mourir à petits feux. Il est temps de dire stop, de résister !