M.Twirly a écrit :
j'vois pas ce qui est difficile à comprendre en tant que salarié du privé...
A chaque fois qu'on a voulu donner plus de souplesse aux patrons, ils en ont profité pour s'en foutre dans les poches : tva réduite, défiscalisation... jamais pour augmenter les salaires de leur poche.
le rapport employeurs/employés n'est, dans na nature même, pas équilibré.
Je tempèrerais un petit peu tes affirmations, par l'expérience de la boîte dans laquelle je bosse depuis 20 ans.
A l'époque du passage aux 35 heures, il y a eu une période transitoire pendant laquelle les entreprises pouvaient anticiper le passage, en touchant des subventions en échanges d'embauches. Il fallait alors signer un accord d'entreprise, prenant le pas sur l'accord de branche qui n'existait pas, avec une représentation syndicale.
Des collègues Représentants du Personnel se sont donc syndiqués pour l'occasion (CFDT), et l'accord a été signé : passage aux 35 heures sans réduction de salaire, transformation intégrale de l'écart 39h-35h en RTT, et embauche de personnel associé à une réorganisation du travail finalement pas bien compliquée à mettre en oeuvre vu les domaines d'activité concernés.
Depuis, la direction a eu plusieurs fois la possibilité de revenir sur cet accord, y compris en période de sous-charge et de difficulté économique, mais ne l'a jamais fait. Elle a compris que ça participe à l'attrait de l'entreprise, permettant de compenser des salaires qui sont un peu plus bas que la moyenne du secteur par une qualité de vie certaine (11 semaines de congés par an dans une boîte privée).
Qu'est ce qui a permi ça? Tout simplement des gens intelligents qui réfléchissent, et en particulier la Direction. Il n'y a pas eu de rapport de force en tant que tel, juste de la discussion entre personnes travaillant pour la même entreprise de 200 salariés, et souhaitant partager une expérience.
Pour moi, la conclusion de tout ça, c'est que pour qu'une décision fonctionne, quelle qu'elle soit, il faut accepter de discuter, et parfois de tester. Et je n'ai pas l'impression que les deux parties (gouvernement et syndicats grévistes) aient été dans cette optique depuis le début.
Tant qu'on est dans le rejet pur et simple et dans l'affirmation de généralités ("ce truc c'est de la merde", "les patrons ne cherchent qu'à nous baiser", "un syndicaliste c'est un pète-couille"), on fait fausse route et on alimente la situation de blocage.
D'ailleurs ça me fait penser que l'accord conclu à l'époque prenait le pas sur l'accord de branche, qui a depuis été signé mais donc l'existence ne remet pas en cause notre accord d'entreprise. Et des années avant l'Article 2, comme quoi c'était déjà possible. Une explication, quelqu'un?