Au lieu de faire de "ouh là", des "+455", du paternalisme méprisable ou de l'anticommunisme primaire, vous feriez bien d'argumenter. Les exonérations creusent la dette de la France, en plus des milliards de subventions, bradées sans aucune garantie. Est-ce que l'emploi augmente pour autant ? Est-ce que l'argent est investi ? Absolument pas ! On le saurait, or les vrais chiffres du chômage montrent que cette politique d'austérité est un fiasco.
Le chômage, d'où vient-il ? Mais de l'immense gachis que l'on fait des capacités de productions, parce qu'il faut faire du profit, et plus que les autres en plus. Je ne pense pas qu'il soit utile de répondre à la question de la nature humaine puisqu'à part boire, manger et dormir, la nature humaine n'existe pas. Tout le reste est culturel et déterminé par l'existence sociale des individus.
Le profit n'est pas strictement nécessaire, tout simplement parce qu'il n'est pas toujours utile d'avoir un excédent quelque part. Ensuite, le fait que les capitaux se répartissent selon les profits espérés est dangereux. Il vaut mieux s'endetter pour remplir des besoins humains importants plutôt que de financer tout et n'importe quoi, sous prétexte que c'est générateur de profits.
J'aimerais comprendre la légitimité du licenciement économique. A partir du moment où les difficultés d'une entreprise sont dues à la concurrence du reste du patronat, pourquoi ce patronat, en tant qu'entité collective, ne paie-t-il pas les pots cassés ? Je pense qu'il serait plus juste qu'une nouvelle branche de la sécu, payée uniquement par des CS patronales, puisse empêcher la rupture du contrat d'un salarié dans une entreprise en difficulté, en payant son salaire pendant que l'entreprise sort de l'eau par exemple. Ce ne sont pas aux salariés de payer les pots cassés de la concurrence capitaliste.
Pour le temps de travail, bien sûr qu'il est trop élevé puisqu'il y a des chômeurs ! Cela veut dire qu'on est capable de produire un nombre suffisant de marchandises en se passant d'un partie de ceux qui cherchent un emploi. Il faut donc réduire le temps de travail sans baisse de salaires, pour permettre à ces derniers de souffler, et aux autres d'avoir un boulot.
Enfin, pour la légitimité de l'actionnaire, je vais conclure par une citation d'un excellente économiste, Bernard Friot :
Citation:
Un "investisseur" n’apporte rien pour la rente qu’il reçoit. Supposons qu’un propriétaire de titres "apporte", comme on dit par erreur, un million d’euros pour renflouer une entreprise. Il n’a dans son portefeuille ni valeur ni monnaie, rien que des bouts de papiers sans valeur. Leur conversion en monnaie (en les vendant ou en les plaçant) n'est possible que par une violence sociale très singulière qui lui donne le droit, en présentant un bout de papier, d'obtenir de la monnaie pompée sur la valeur en train d’être créée par le travail subordonné d’autrui, et du coup de décider de l’investissement de cette monnaie qu’il n’a pas plus épargnée qu’il ne l’a produite. Nous sommes dans la situation de paysans qui ont défriché un terrain. Arrive un type avec un bout de papier qui dit "ce terrain est à moi, je prends 15% de la récolte et je décide de l’usage productif de cet argent." Pourquoi sommes-nous stupides pour ne pas lui dire "ces 15%, nous les avons produit et nous allons décider des investissements qu’ils permettent de financer." Les paysans de la révolution française l’ont fait quand ils ont brûlé les droits féodaux de propriété. Au contraire, convaincus de la nécessité d’une accumulation financière préalable à l’investissement, nous nous inclinons devant "les marchés", nous cherchons à les apaiser par des sacrifices humains toujours plus impitoyables. Pire, comme les laquais de l’ancien régime, nous nous identifions à nos maîtres, nous les singeons dans la propriété de quelques titres qui nous rendent prisonniers de la religion qui nous accable.
«L'humanité est devenue assez étrangère à elle-même pour réussir à vivre sa propre destruction comme une jouissance esthétique de premier ordre.» Walter Benjamin