Karadoc a écrit :
Pourquoi il est au dessus ?
En fait la question serait plutôt pourquoi il a été au dessus (à des années lumières) de tous les autres...
Ben disons que c'est lui qui a eu l'idée de pousser un marshall à fond afin de le faire saturer.
A l'époque, les ingé sons ne comprenaient pas pourquoi il mettait ses amplis à fond, ça les emmerdait car ça faisait saturer le son des enregistrements. Du coups ces derniers les baissaient.
Il a fallu qu'il leur explique que c'est justement le son qu'il voulait avoir et qu'ils seraient bien gentils de ne plus toucher aux amplis.
Ensuite, il a compris que ça marchait encore mieux avec une Les Paul et un Marshall.
LE premier à avoir joué avec de la disto, c'est lui.
Il a été phénoménal avec les Bluesbreaker. C'était l'idole d'Hendrix et inversement...
Alors non, ce n'est pas le plus technique, ni le plus rapide.
Mais c'est un précurseur.
En effet - c'est un précurseur sur le sol européen, et parmi les pâlichons. C'est le premier en Angleterre (là où tout se passait en Europe à l'époque) à avoir réussi à parfaitement reproduire le jeu et le phrasé agressif des grands bluesmen noirs (comme Freddie King). Ce qui a fait sa gloire dans les Yardbirds. Qui plus est, et comme tu le dis bien, il s'est empressé, avec les Bluesbreakers, de rajouter sa touche perso, c'est à dire un ampli à burne, et pas n'importe lequel, un des premiers Marshall. Aboutissant à un son jamais entendu à l'époque et qui a immédiatement été considéré (à juste titre) comme un jalon majeur du blues électrique.
Ajoutons à cela qu'il a longtemps su se renouveler et se métamorphoser, passant du bluesmen pur et dur, au blues-rockeur jammeur furieux avec Cream (et déjà pointent des propensions mélodiques pop très intéressantes), puis americana (avant que ça n'existe) avec Derek &The Dominoes, puis (après avoir frôlé la mort du fait de ses multiples addictions - important pour l'image ça, même s'il s'en serait certainement volontiers passé) une véritable réincarnation en quasi sosie de JJ Cale (qu'on remercie au passage), puis en popstar internationale dandyfiante.
Avant d'une dernière fois se transformer en légume MTVio-acoustique un poil pleurnichard (... avec de solides raisons ceci dit
) qui va faire fondre les ménagères jusqu'à Pluton au moins (et au passage défigurer définitivement un de ses meilleurs morceaux, Layla). Depuis, il profite de son plan retraite en se faisant de petits plaisirs (comme son festival Crossroad ou des albums consacrés à Robert Johnson).
Et là c'est un cours résumé. Donc un guitariste insolemment doué dans son jeune temps (quand Hendrix insiste pour le rencontrer comme condition sine qua non pour son émigration à Londres, ça pose un peu sa renommée de l'époque), qui a su sortir du strict cadre blues (on le lui reproche assez) pour se réincarner à de multiples reprises. Et par ailleurs un chanteur très honorable. Qui plus est, un compositeur de quelques classiques pas dégueu. Pas mon guitariste favori, mais définitivement un mec important dont il est intéressant de connaître la carrière. Sinon, mon "image" favorite du Clapp (son vrai nom), celle qui montre toute son importance, c'est cette interview backstage (à l'époque Cream) - hilarante à plus d'un titre, à commencer par l'ignorance totale de l'interviewer sur la "guitare électronique"
- mais surtout qui montre quelqu'un jouant d'une façon unique (en tout cas dans l'addition phrasé + son) ... à l'époque, et qui a été depuis reprise par absolument tout le monde.
In rod we truss.
"Quelle opulence" - themidnighter
"It's sink or swim - shut up!"